Prépare-toi à l’inconnu, tu auras toujours un cran d’avance

Il est des situations imprévues qui figent dans la sidération et qui, sous le coup de l’émotion, bloquent toute action, comme si on était pris à contre pied. Pire, quand professionnellement on imagine être confronté à une situation inconnue, on a peur d’être pris au dépourvu. Vous me direz, on ne peut pas tout prévoir. Evidement, vous avez raison. Cependant. « Et si … on se préparait à l’inconnu. » Bizarre comme affirmation ! Je précise « Et si … on se préparait à vivre l’inconnu. » Comment peut on se préparer à quelque chose d’inconnu ? Impossible me diriez-vous ? Et bien regardons… C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.

Je vous avoue qu’après une vie professionnelle bien remplie dans un domaine à fort enjeu dont le management du risque est au coeur de l’activité, je me suis forgé une devise qui m’anime et qui me permet de me préparer à l’inconnu.

« Espère le meilleur, prépare-toi au pire et prends ce qui vient ! »

Se préparer au pire, c’est se préparer à l’inconnu entre autres.

Dans cet article, je vais d’abord traiter la préparation à l’inconnu du métier de coach, puis je généraliserai aux métiers qui ont l’humain comme sujet, le management et la formation par exemple. La réflexion qui a entraîné l’idée de cet article m’est venue durant ma formation initiale de coaching. Depuis, j’applique et j’enrichis le fruit de mes réflexions à chacune de mes séance de coaching. J’applique en quelque sorte une stratégie, toujours la même, centrée sur un verbe d’action, pour éviter d’être dépourvu face à l’inconnu. Voici comment je m’y prends.

Dans mon école de coaching, on nous préparait à vivre l’inconnu. Puisqu’on est confronté à l’humain, on va se confronter à l’inconnu. Comme on va coacher une personne qui a sa propre construction identitaire spécifique, son propre vécu singulier, sa propre expérience unique, de fait à chaque processus de coaching, on va s’immerger dans l’inconnu, l’univers du coaché. Même s’il peut y avoir des similitudes entre des groupes de personnes, on peut même découvrir des croyances, des manières de penser qu’on avait même pas imaginées et qu’il convient d’accueillir pour répondre à la demande. L’humain est par définition unique, rien d’anormal. Dans ces conditions, le coach va-t-il préparer sa séance ? Identifier un outil a priori ? Se préparer une liste de questions ? Evidemment que non ! Il aurait toutes les chances de tomber à coté. Alors se préparer à l’inconnu se réduirait-il à ne rien préparer ? Ne rien préparer au niveau tactique, oui ! Mais tout en se préparant à vivre l’inconnu, assurément oui aussi, au niveau stratégique.

  • Pour rappel, la stratégie fixe un plan d’actions après s’être fixé un objectif. Pour la part, ma stratégie est toujours la même, comme je le disais précédemment, centrée sur un verbe d’action. La tactique, c’est la partie opérationnelle, l’outil utilisé notamment.

Je suis stratégiquement centré sur le verbe d’action « comprendre. » Je cherche inlassablement à comprendre la personne coachée, sa construction identitaire, son fonctionnement, ses croyances, ses travers, ses talents etc.

La surprise ne se traduit plus par la peur d’être démuni mais par de la joie d’avoir compris son fonctionnement. Déjà, l’état d’esprit n’est plus le même. Ensuite, dans ces conditions, l’outil approprié, la question adéquat coule de source, pour chercher à comprendre. Et si l’outil utilisé, la question posée fait un « flop » ? Eh bien, c’est que j’avais mal compris, et je boucle, jusqu’à la compréhension. Je ne recherche pas l’outil à utiliser ou la question à poser, je cherche à comprendre l’autre. Chercher à comprendre l’autre développe la capacité d’empathie, la compréhension intime tout en gardant la lucidité opérationnelle d’accompagnement.

Pour chercher à comprendre, j’avoue que la technique d’entretien d’aide à l’explicitation que j’utilise depuis 1995 est une aide précieuse. Lire ou relire mon article sur la technique d’entretien d’aide à l’explicitation. De plus, à force de chercher à comprendre moi-même, je contribue à la prise de conscience de la personne qui verbalise. Une pierre, deux coups ! L’autre s’applique l’auto-empathie !

Quelle attitude adopter ? Il convient d’être présent, en écoute active, en absence de jugement, accueillir la situation, être à l’affût de tout ce qui est inconnu. Puis, il convient de faire preuve de réactivité et d’agilité (lire ou relire mon article sur l’agilité du coach.) Je vous rappelle ce qu’est, pour moi, la définition de l’agilité :

  • un état d’esprit qui place le client au centre de mon attention,
  • en capacité permanente de s’adapter en situation et en souplesse à ses attentes qui changent,
  • dans une démarche expérientielle, « teste & apprends de tes succès et de tes erreurs »,
  • en sachant lâcher prise pour un pragmatisme opérationnel au service de mon client.

Dans ces conditions, en se préparant à l’inconnu, on aura toujours un cran d’avance, pas de surprise, puisqu’on se prépare à être surpris. Et plutôt que d’utiliser un outil du coaching qu’on « aime bien » mais qui finalement n’est pas adapté, on va gagner du temps ! Puisqu’on est préparé à vivre l’inconnu, plus de surprise opérationnelle, plus d’émotion de peur d’être démuni, plus de sidération à se demander quel outil utiliser, quelle question poser. Une fois avoir compris l’univers du coaché, ses blocages, ses freins, ses leviers, ses talents, l’outil approprié va couler de source. Encore faut-il avoir « une boîte à outils » bien fournie et de bien connaître ses outils !

Photo de Kim Stiver sur Pexels.com

A la manière d’un mécano qui remplit sa caisse à outils d’une multitude d’outils différents pour éviter d’être dépourvu sur le chantier, les métiers dont l’objet est l’humain doivent aussi se doter d’une multitude d’outils différents tout en connaissant leur domaine d’application et leurs limites pour les utiliser à bon escient et à propos. C’est ça se préparer à vivre l’inconnu. C’est, à froid, se constituer une batterie d’outils d’accompagnement disponibles en situation pour avoir un cran d’avance.

Il est d’autres métiers qui ont comme objet l’humain. Le management, la formation par exemple. Ce que je viens de décrire pour le coaching reste vrai pour ces métiers. Managers, n’avez-vous pas été surpris, pris au dépourvu sur une réaction d’un de vos collaborateurs ? Formateurs, ne vous êtes-vous pas cassés les dents sur une méthode pédagogique qui n’accroche pas avec un stagiaire. Plutôt que de prévoir une tactique opérationnelle, la stratégie consiste à se dire qu’on va vivre l’inconnu, c’est une certitude et que la clé c’est de chercher à comprendre le fonctionnement de l’autre, ses freins, ses leviers etc. Dans ces conditions, l’outil approprié et la tactique opérationnelle coulera de source.

Si dans vos métiers d’accompagnement vous souhaitez vous interroger sur votre stratégie d’accompagnement, contactez-moi.

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