J’avais écrit cet article en novembre 2019, c’est à dire juste avant la pandémie et le premier confinement. Prémonition ? Je ne sais pas. Néanmoins, la situation sanitaire a conduit à mettre en place des gestes dit « barrières. » Mais, barrières à quoi ? Au toucher physique ! Plus de serrage de main, plus de bises, plus de contact direct, éloignement etc. C’est d’une grande efficacité face à la propagation du virus, mais c’est ravageur pour la satisfaction de nos besoins vitaux ; à savoir, nos besoins psychologiques, de sécurité, d’appartenance à un groupe protecteur, d’estime pour s’accomplir et même se dépasser. Les initiés auront reconnu la pyramide de Maslow.
Depuis un an et demi, nous avons perdu une grande partie du toucher physique dont nous avons besoin pour vivre. Un an et demi, c’est très long au regard des conséquences d’une carence de besoins vitaux ! Pas étonnant que la sortie de crise soit difficile. En pareil cas, il ne reste plus que le toucher psychologique. C’est quoi au juste, le toucher psychologique ? A quoi ça sert ? Doit-on le faire ? Si on le fait, on le ferait avec quelle intention ? Y aurait-il un risque ? En a-t-on besoin, dans le sens de besoin pour vivre ? C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.
Quand on est intime avec quelqu’un, le toucher est un signe d’amour, d’appartenance à une famille ou à minima d’une attention particulière qu’on apporte à la personne que l’on touche. L’intention du toucher est de consolider le lien que l’on a avec cette personne en lui apportant le bien-être. Lorsqu’on n’est pas intime au point de se toucher à la manière d’une caresse, il existe le toucher psychologique. Celui qui en parlait le mieux, je pense, c’est Eric Berne, le père de l’analyse transactionnel avec ses « strokes. » Ce sont des signes de reconnaissance, par une parole, une marque d’attention, comme une caresse psychologique. Reprenons depuis le commencement.

A notre naissance, nous perdons le contact, avec notre mère en premier lieu. Nous avons perdu le lien avec les autres que nous recherchons à nouer tout au long de notre vie depuis qu’on a coupé le cordon ombilical. Quelques secondes après la naissance, le peau-à-peau avec notre mère puis avec notre père dont on fait la connaissance physique, nous permet de conserver ce lien physique, cette chaleur corporelle protectrice, pour le bien-être après l’effort. De nouveau, on perd ce lien, les premiers jours chez la nounou puis à l’école, une déchirure. La première sortie scolaire, avec plusieurs dodos sans papa et maman. Il convient de ne pas oublier le doudou, pour conserver le toucher avec quelque chose de familier. Puis, les études universitaires dans une autre ville, sans connaître personne, avec ce besoin irrésistible de conserver le lien avec sa famille, ses amis. Lorsqu’on se retrouve, les étreintes sont plus fortes. A chaque toucher physique passe une émotion. Ce sont des besoins primaires qui, lorsqu’ils sont satisfaits, vont droit au coeur. Le besoin de chaleur humaine au sens physique, le besoin de protection, le besoin d’appartenance et finalement le besoin d’exister dans les yeux des autres. Tout au moins dans les yeux de ceux qui comptent pour nous, famille, amis, pairs, collègues de travail, manager etc.

Même si on ne se connait pas, le toucher physique est important. Quand on se rencontre, on se serre la main. Et dans un serrage de mains, on y met une intention. Par exemple, si on s’apprécie, le serrage de main est appuyé, plus long. Il en résulte une émotion, un sentiment, un lien, un bien-être dans ce cas aussi. Mais voilà, depuis l’apparition de la COVID-19, le serrage de main est proscrit. Vous aurez remarqué qu’on a modifié nos pratiques de salut en conservant un bref toucher point serré ! Eh oui … on a besoin de se toucher. On a besoin de « ce toucher physique« , c’est vital ! Et c’est pour ça qu’en pareil cas, il convient de « compenser » le manque de toucher physique, par le toucher psychologique. C’est vital (
Venons-en donc au toucher psychologique. Ne dit-on pas, « les propos de cette personne m’ont touché ! » Ils ont touché quoi ? Quand on s’exprime de la sorte, les propos sont allés droit au coeur, j’allais dire aussi, comme une étreinte physique. Ils ont fait monter une émotion qui se prolonge sur un sentiment de bien-être. Certaines personnes rougissent lorsqu’on leur fait part de notre satisfaction, preuve de la montée d’une (violente) émotion. Dans cette caresse psychologique, on retrouve l’attention de l’autre sur soi, on satisfait ainsi son besoin d’exister et d’estime dans les yeux de l’autre. Cet acte chaleureux est aussi sécurisant que la chaleur humaine physique. On entre dans la sphère intime de l’autre tout en respectant son espace physique de sécurité. Là aussi, l’intention est la même, la satisfaction d’un besoin primaire. Grâce au sentiment de bien-être, celui qui reçoit ce toucher psychologique se construit des croyances aidantes, pour entreprendre.
Rappelons-nous de cette suite : émotion, sentiment, croyance, action ou inaction. Tout dépend s’il s’agit de croyances aidantes issues du bien-être et de la joie qui aboutissent à l’action d’entreprendre. Ou de croyances limitantes issues du mal-être consécutif à la colère, la tristesse ou la peur qui aboutissent à l’inaction.
Dans nos cultures, le bien est normal, le mal est à souligner pour éviter de renouveler l’erreur, dans la quête incessante de perfection. On souligne alors plutôt ce qui est mal en oubliant ce qui est bien. D’ailleurs à quelqu’un qui nous dit « merci » on renvoie « je vous en prie. » Ce qui veut dire « je vous en prie, ne me remerciez pas » dans le sens de « ce que je viens de faire n’est pas exceptionnel, ça devient même gênant ! » C’est donc bien culturel. On irait jusqu’à refuser le toucher psychologique ! De même, imaginez un journal télévisé à 20h où on ne parlerait que du train qui est arrivé à l’heure, que de l’ouvrier ou du patron qui a bien fait son travail. Qui regarderait ? Ce serait même gênant, déplacé, « pourquoi montre-t-on ce qui est bien fait alors que moi aussi, je fais bien ! » Et pourtant, nous avons besoin de ce toucher psychologique au fond de nous. On a besoin qu’on nous dise que ce qu’on a fait est conforme, bien, comme prévu, dans les temps. Ce type de stroke (toucher psychologique) contribue à tisser et consolider le lien sans quoi il est difficile de vivre. Ce type de stroke permet surtout à l’autre de construire ses croyances en sa valeur, son image de soi et donc son estime de soi. L’estime de soi est en rapport avec le verbe ÊTRE. On dit parfois qu’on manque de confiance en soi mais, souvent, ce ne sont pas les capacités qui manquent, c’est la peur de ne pas ÊTRE à la hauteur. Les marques de reconnaissance servent à renforcer l’estime qu’on se porte par la perception du regard des autres.
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Alors, ces marques de reconnaissance du travail bien fait ou de notre simple satisfaction, le faisons-nous naturellement ? Le faites-vous ? Pas toujours, parfois par pudeur, parfois par culture. Et pourtant ! Certains le font par profil de personnalité, les altruistes précisément, par besoin d’être aimé des autres. Ils ne sont pas avares de compliments, de signes d’attention, d’empathie, de paroles bienveillantes, d’estime envers les autres. On les aime, entre autres, pour cela d’ailleurs parce qu’on éprouve du bien-être à leur contact grâce à leur toucher physique et / ou psychologique. Alors, qu’il s’agisse d’éducation des enfants, de management ou de relations dans la vie de tous les jours, lorsque c’est bien, dites-le ! Lorsque vous êtes satisfait(e), soulignez-le ! Une parole de satisfaction ou de remerciement sera perçue comme un toucher psychologique, une caresse, un stroke. Par mimétisme, l’autre vous renverra la même chose, « y a pas d’mal à se faire du bien et le partager ! » Notre culture éducative a tendance à nous ranger soit du coté du bien ou du coté du mal, alors que chacun d’entre nous est bien ET mal en même temps. Si on ne nous souligne que ce qui est mal, on a vite fait de se construire des croyances limitantes sur l’image de soi qui empêchent d’agir. Quand on souligne ce qui est bien, on se construit des croyances aidantes sur sa valeur ce qui permet de relativiser ce qui est mal pour entreprendre.

En cette période de crise sanitaire, parents, managers, accompagnants sachez que l’enfant, l’adolescent, le collaborateur, l’accompagné en général est en manque de toucher physique. Il convient donc de compenser ce manque en étant attentif aux marques d’attention, d’affection, d’encouragement. Mais attention, il y a un risque. Si on sur-joue la parole bienveillante, le toucher psychologique donc, on aura l’effet contraire que l’on cherche, la rupture du lien. Et ce sera durable !
En coaching, nous, coachs, sommes très attentifs à ces strokes, ce toucher psychologique. Même si on y est préparé, c’est toujours un émerveillement de voir à quel point c’est puissant chez celle ou celui qui le reçoit. Ce sont des conditions favorables à sa mise en action. Il y a néanmoins une condition. Il faut que le lien de confiance entre le coaché et le coach soit établi, pour que le toucher psychologique ait de la valeur pour le coaché ! Si vous avez besoin de lâcher des croyances qui vous limitent et si vous avez besoin de vous construire des croyances aidantes grâce à un contexte bienveillant, le coaching vous le garantit. Contactez-moi.
En rappel, la pyramide d’Abraham Maslow. Ces strokes ou caresses psychologiques contribuent à hisser celle ou celui qui les reçoit dans la pyramide de ses besoins ! Notez l’ordre des besoins. L’accomplissement est bien le besoin qui suit le besoin d’estime. Plus vous vous estimez, plus vous aurez confiance dans la mise en oeuvre de vos capacités, plus accomplirez et plus vous avez de chance de trouver les ressources pour vous dépasser.