Dans le métier de coach, la déclaration commune des 3 associations de coaching EMCC, IFC et SFC identifie une capacité chez le coach professionnel « Il (le coach NDLR) a la capacité d’expliciter sa pratique avec des références théoriques établies dans le cadre d’une démarche réflexive. » Néanmoins, dans la formation initiale de coach, on ne parle pas de comment expliciter sa pratique et comment acquérir, maintenir et développer concrètement une démarche réflexive. Alors je vais apporter des réponses concrètes.
Pour le compte de la commission dynamique associative de l’EMCC, je vais animer le 8 mars prochain de 18h30 à 20h30, un webinaire(*) sur la Pratique réflexive et l’explicitation de sa pratique qui est le moyen de développement de la Pratique réflexive. Mais c’est quoi la Pratique réflexive ? Serait-ce juste de la « réflexivité » ? Une « réflexion » ? Oui mais sur quoi, comment, quand, pour quoi faire ? Pour quel type de pratique, cette pratique réflexive serait-elle applicable, utile, nécessaire et voire vitale à son activité ? Le coaching serait-il concerné par la Pratique réflexive ? C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.
(*) les modalités d’inscription à ce webinaire seront prochainement diffusées par l’EMCC.

La Pratique réflexive est un concept développé par Donald.A Schön, un pédagogue du siècle dernier qui l’a conçu pour l’angradogie, c’est à dire la pédagogie pour adultes dans le cadre de la formation professionnelle. La Pratique réflexive est une pratique, c’est donc quelque chose qui s’acquière avec l’expérience. Et comme cette pratique est réflexive, elle place sa pratique comme objet de sa réflexion ! La finalité de la formation professionnelle et celle du coaching sont effectivement radicalement différentes. Néanmoins, les savoir-faire et savoir-être des 2 praticiens, formateur et coach, sont identiques puisqu’ils interagissent sur l’humain adulte en mettant en oeuvre des ressources, des stratégies et des tactiques qu’ils doivent adapter en temps réel à la spécificité de l’humain. Et pour s’adapter, décider et agir en temps réel, ils doivent faire preuve de réflexivité en situation, de Pratique réflexive donc, par une distanciation concomitante à ses actions.
Voici une vidéo qui illustre la Pratique réflexive en coaching, pour se convaincre si besoin était, que cette pratique conçue pour l’andragogie est utilisable en coaching.
Vous aurez noté dans cette vidéo deux types de Pratique réflexive. L’une SUR sa pratique et l’autre DANS sa pratique. C’est à dire, respectivement, à froid en analyse de pratique et à chaud en situation de pratique avec son client en face à face. D’après Donald.A Schön, la Pratique réflexive à froid SUR sa pratique contribue à la Pratique réflexive à chaud DANS sa pratique. C’est une méta-compétence à chaud qui s’acquière avec l’entraînement à froid. C’est en prenant le temps de décomposer sa pratique passée en analyse de la pratique qu’on prend conscience des aspects non conscients de sa pratique et qu’on est plus efficace en situation. Mais pas avec n’importe quel type d’analyse de pratique. Pourquoi ?
Parce que voilà ce que disait Donald.A Schön « le praticien en sait plus que ce qu’il peut en dire ! » Ça c’est une très mauvaise nouvelle pour tous les praticiens ! Et c’est même rédhibitoire au regard de comment le cerveau de Sapiens fonctionne. La mémoire procédurale, qui est activée lorsqu’on pratique, est implicite, c’est à dire que comme nos pratiques sont issues d’un apprentissage programmé, on passe de « je sais que je ne sais pas faire » à « je ne se sais plus que je sais faire » ! Une fois programmée, il vous est impossible de verbaliser spontanément le comment vous vous y prenez pour pratiquer. Pour vous en convaincre, essayez de verbaliser le comment vous tenez en équilibre sur un vélo… Si bien que si on veut analyser sa pratique, par la simple verbalisation, il vous sera difficile de prendre conscience de ce qui a conduit à un bon ou un mauvais résultat. Alors … on fait comment ?
Pierre Vermersch, psychothérapeute et chercheur au CNRS nous a donné, lui, une bonne nouvelle ! Il disait que « le praticien garde une trace mémorielle de ce qu’il a vécu qu’il est possible de faire revenir à la conscience ! » Si, au lieu de verbaliser sa pratique, le praticien l’explicite, alors il retrouve cette trace mémorielle de ses actes non conscients. Pierre Vermersch a conçu une « technique d’entretien d’aide à l’explicitation de sa pratique. » C’est grâce à cette technique dont j’ai décrit le contenu dans un article que le praticien en se présentant sa pratique comme objet de son analyse critique va prendre conscience de ses « micro-opérations mentales » – c’est le terme consacré – qui ont échappé à la conscience mais qui ont bel et bien impacté le résultat.

A force de répéter cet exercice à froid, SUR sa pratique donc, l’explicitation de sa pratique va programmer le praticien, c’est le but, à réaliser une distanciation en situation de manière à mieux identifier ses intentions pour la stratégie et la tactique en découlent. C’est en cela que l’explicitation de la pratique va vous entraîner à la position méta en situation, pour être en même temps acteur et observateur de sa pratique.
Explicitation de sa pratique pour une démarche réflexive, c’était la déclaration commune de l’EMCC, l’IFC et SFC. On y trouve non seulement une explication, mais une déclinaison opérationnelle. C’est cet enchaînement que j’aborderai durant ce webinaire du 8 mars, pour acquérir un « savoir-réfléchir et un savoir décider en action » et le comment on les développe. Voici le résumé de mon propos sous forme de schéma.

Dès que l’EMCC aura défini les modalités d’inscription, je vous les communiquerai.
Puisque je me suis récemment formé à la supervision et comme j’ai utilisé l’explicitation durant mes 12 années de formation professionnelle, si vous souhaitez vous entraîner à la Pratique réflexive pour votre métier de coach, contactez-moi.
