Nous avons été éduqué en entendant « Ne pleure pas » , « N’aie pas peur » , « Arrête d’être en colère » , « Arrête de sauter partout quand tu es joyeux. » L’école pour l’éducation des enfants n’existant pas, nous avons éduqué nos enfants de la même manière. L’éducation se fait par transmission et mimétisme. Autant d’émotions contenues en dedans, autant de pressions émotionnelles qui ont contribué à faire gonfler « le ballon de baudruche. » Et un jour, on s’étonne que la baudruche explose ! Et on se demande pourquoi !
Tout est normal ! Du moins, dans ce type d’éducation qui réprime les émotions, une EX-plosion est normale. En qualité de parents, il faut même s’y attendre. La question n’est pas de savoir si son enfant va exploser, la question est de savoir quand va-t-il exploser ? Il peut même imploser et là c’est plus grave. Vaut-il mieux une EX-plosion ou une IM-plosion ?
Comment ça marche les émotions ? Pourquoi en avons-nous ? Lorsque mes enfants ont une EX-pression émotionnelle, je fais quoi ? Notez bien « EX-pression » émotionnelle. C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.

On va commencer par la définition du mot « émotion. » Emotion vient du latin « e » – « movere » c’est à dire « un mouvement vers l’extérieur. » Quand on a une « EX-pression » d’émotion, c’est un mouvement, une libération de la pression interne qui va vers l’extérieur. Poursuivons avec le fonctionnement de notre cerveau.
Le cerveau d’homo sapiens est formé, schématiquement, de 3 cerveaux qui suivent l’évolution des êtres vivants. Le cerveau reptilien, celui des dinosaures, qui régit l’instinct de survie, est placé au sommet de la moelle épinière pour un trajet le plus court entre l’influx de survie et la réponse du corps. Puis les mammifères se sont dotés d’un cerveau limbique, siège des émotions, au centre du cerveau de l’homo sapiens. Pourquoi ? C’est simple à comprendre. Regardez une autruche ! Avec juste un cerveau reptilien, l’animal se met en danger, mais n’a pas de mémoire émotionnelle, la mémoire qui évite de se remettre en danger une autre fois. La mémoire qui rappelle que quand c’est chaud ça brûle et ça fait mal. Et puis, les hominidés ont été dotés d’un néo cortex, siège du raisonnement analytique.

« L’émotion est une réponse physiologique d’adaptation à un stimulus affectif interne qui engage le cerveau et le corps. » A la différence d’un sentiment qui lui peut durer longtemps, une émotion est de courte durée, quelques minutes qui se comptent sur les doigts d’une main, le temps que les 3 phases se déroulent. La première phase est « la charge émotionnelle » , une montée intérieure de ressentis physiques, gorge serrée, augmentation du rythme cardiaque etc. Puis, vient « la montée de pression » , avec mobilisation interne du corps pour une réaction, une parole, un comportement. Et enfin, « la décharge émotionnelle » , c’est à dire l’extériorisation de l’émotion, larmes, cris etc. Vous aurez donc noté que quand on parle d’une émotion, c’est une « EX-pression de l’émotion » c’est à dire littéralement « sortir la pression » qui s’est accumulée en soi. C’est la raison pour laquelle en introduction, je disais que durant notre éducation si on nous a bloqué cette « EX-pression » elle reste comprimée en dedans et à un moment donné, cette pression étant trop forte, il y a une « EX-plosion » et là … attention les effets collatéraux. C’est en réalité, l’image d’un volcan qu’on pense éteint. Le magma monte, monte, monte, il y a quelques petites répliques sismiques et à un moment où on ne s’y attend pas « Boom !«


Il y a 4 émotions de base la joie, la tristesse, la peur et la colère. A chacune de ces émotions, il existe un besoin propre et un besoin commun. A la joie, la tristesse, la peur et la colère, on exprime un besoin, respectivement un besoin de partage, de réconfort, de protection et de compréhension. Le besoin commun à toutes les émotions est « la verbalisation. » Donc si durant votre éducation, si on vous a martelé de ne pas exprimer vos émotions, vous n’avez jamais pu exprimer vos besoins. Sans les exprimer, il est impossible de les satisfaire ! Et comme une définition du bonheur est « la pleine satisfaction de ses besoins » , dans ces conditions, on part mal dans la quête du bonheur ! Continuons dans cette logique.
Il existe un petit appendice au niveau du cerveau limbique, siège des émotions, qui s’appelle l’amygdale. Pas celles que nous avons dans la gorge. C’est le chien de garde de notre cerveau. Tous les sens aboutissent à cet appendice. Lorsqu’il y a menace, l’amygdale bloque le lobe préfrontal du cerveau qui est, entre autres, le siège du comportement raisonné et la régulation des émotions. Comment voulez-vous raisonner dans ces conditions ! Tant qu’on réprime vos émotions, vous ne raisonnez pas. C’est impossible de pouvoir modifier quoi que ce soit dans ses comportements.
Donc pour raisonner, il faut avoir vidé la pression interne, d’abord. En EX-primant son émotion et en verbalisant ce qui est en dedans, on prend alors conscience de ses besoins vitaux pour vivre. Pour un parent, écouter « le vidage du sac » de son enfant, même sans valider ou cautionner ce qui est dit, est très riche d’informations. On a l’information brute de fonderie, celle qui sort sans filtre. On prend connaissance de ce qui se joue vraiment chez l’enfant. Une fois la pression sortie, il est maintenant possible de raisonner de manière rationnelle. On peut maintenant passer à la phase qui consiste à corriger, reprogrammer ses comportements. Sans cela, c’est IM-POS-SI-BLE de changer le comportement de vos enfants !

A force d’exprimer ses émotions, on prend conscience de ce qui nous met en joie, en tristesse, en peur et en colère. On se connait mieux. On est alors en avance lorsqu’on entend certains propos ou que l’on voit arriver une situation. Quand on sait que le cerveau limbique siège des émotions fonctionne 10 fois plus vite que le cerveau néo cortex, siège du raisonnement, on comprend que quand on se connait mieux on arrive à mieux gérer, non pas l’émotion qui va naître, c’est impossible, mais mieux gérer la situation. Ça oui, mieux gérer la situation, c’est POSSIBLE ! Et c’est ça l’essentiel, gérer les situations de la vie.
Exprimer ses émotions est donc un formidable apprentissage du savoir-être et de maîtrise de l’affirmation de soi vis-à-vis des autres. En qualité de parent, il est alors important de savoir accueillir l’émotion de son enfant. « Accueillir » est le mot juste. On ne parle pas de cautionner, on évoque juste la capacité à favoriser la satisfaction du besoin de l’autre. C’est un geste empathique qui permet à celui qui exprime son émotion de trouver l’occasion d’évoquer son besoin pour tenter de le satisfaire et d’être enfin compris. L’empathie crée des liens. J’ai parlé d’empathie, pas de compassion, pour garder la lucidité opérationnelle d’accompagnement ou d’éducation s’il s’agit de son enfant.
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Si vous souhaitez améliorer l’accueil des émotions de vos enfants, contactez-moi. Nous pouvons faire ensemble un travail sur soi qui a pour but d’être OK avec vous pour être OK avec vos enfants. C’est bien dans cet ordre qu’il convient d’améliorer son développement personnel.