Lorsque je communique avec une personne, suivant mon intention, soit j’utilise le « JE » soit j’utilise le « TU. » Y a-t-il une différence dans ce que perçoit l’autre ? Que se passe-t-il pour moi, lorsque j’utilise le « JE » ? Est-ce égocentrique ou égoïste quand j’utilise le « JE » ? En quoi, utiliser le « JE » serait-il bénéfique dans les 3 directions, pour moi, pour l’autre et pour la relation que je tente d’établir ? En quoi est-ce violent d’utiliser le « TU » ? Puis-je néanmoins l’utiliser ? Si oui comment et sur quoi ?
A toutes ces questions, la CNV, la Communication NonViolente de Marshall Rosenberg, apporte des réponses opérationnelles. Le principe de la CNV est pourtant simplissime mais alors pourquoi ne l’utilisons-nous pas de manière naturelle ? Pire … pourquoi avons-nous tant de difficulté à l’utiliser, même si on a compris le principe et qu’on souhaiterait l’utiliser ? La Communication NonViolente, serait-ce le monde des bisounours ? C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.
Créateur du concept de la CNV, la Communication NonViolente, Marshall Rosenberg était un psychologue américain de la fin de XXème siècle. Je vous propose de lire ou relire mon article qui introduit ce concept Entre cri de rage et cri du coeur. En résumé la CNV a l’intention suivante, établir une connexion avec mon interlocuteur, parce que je souhaite garder un lien avec lui, un lien familial, amoureux, amical, professionnel etc. Pour cela, la connexion doit s’établir sur un besoin commun, a minima, celui de garder le lien entre les deux parties. Si tel est le cas, la violence n’a pas sa place, le concept de la CNV est alors un outil utilisable. Si vous n’avez pas au moins un besoin commun, la CNV ne pourra rien pour vous. Ce n’est bien sûr pas le remède miracle.

Vous comprendrez aisément que si vous utilisez le « TU » , par exemple, « TU est complètement fou de faire ça ! » , alors votre interlocuteur est mis sur le banc des accusés. Quelle sera sa réaction ? La violence, à coup sûr. C’est bien connu, la violence appelle la violence. VOUS avez utilisé la violence, il fera de même. Alors comment faire ? Et si vous utilisiez le « TU » sur un fait établi accompagné du « JE » sur ce que vous éprouvez et ressentez ? Essayons, par exemple, « Quand TU conduis au-dessus des limites de vitesse autorisées, (JE) j’ai peur pour toi. » Vous ne dites pas « TU conduis trop vite » qui serait un « TU » accusateur avec jugement de valeur (trop). Non, vous avez énoncé un fait établi, incontestable. Puis, vous avez exprimé votre émotion avec un « JE« , « j’ai peur. » Voyez-vous déjà la différence ? En premier lieu, vous avez exprimé, évacué, cette pression interne qui vous poussait à la violence. C’est essentiel ! En second lieu, si vous avez un lien entre votre interlocuteur et vous, il devrait être réceptif à ce que vous ressentez. C’est nécessaire pour établir les conditions de la connexion, mais ce n’est pas suffisant.
Pour que cela soit suffisant, il faut exprimer une demande. Mais une demande de quoi ? Une demande de connexion, bien sûr ! C’est ce que vous cherchez ! Et à partir de quoi ? A partir de mon besoin qui pourrait bien être un besoin commun, pour la connexion. Essayons, par exemple. « Tu es mon conjoint et je tiens à toi. Je souhaiterais te garder en vie. Et donc pour cela « JE » souhaiterais que « TU » respectes les limitations de vitesse. En serais-« TU« d’accord ? » Dans cette formulation, vous mettez votre interlocuteur en situation de répondre à une demande de connexion. En terminant par une question avec ce « TU« , vous lui proposez une posture d’écoute. De votre coté, libéré de cette pression interne, vous vous mettez pleinement à son écoute.
Marshall Rosenberg résumait ce concept en 4 lettres 0.S.B.D.
- O comme Observation des faits sans jugement de valeur. Oui ! Je sais ! C’est difficile culturellement de ne pas porter de jugement de valeur, nous avons été éduqué comme cela. Mais le jugement est accusateur et incite à la violence, on sait comme cela se termine. C’est notre éducation vieille de 4000 ans avant JC qui est responsable de cette difficulté. Etant basée sur le bien ou le mal, le vrai ou le faux, la récompense ou la sanction, naturellement je mets dans une boîte « bon » ou « mauvais » ce que je perçois de la situation. Mais c’est pourtant la clé !
- S comme Sentiment, ce que « JE » ressens. Je suis centré sur moi et non sur mon interlocuteur. C’est le meilleur moyen de ne pas accuser l’autre et surtout d’évacuer la pression émotionnelle, pour être disponible à l’autre par la suite.
- B comme Besoin, j’exprime mon besoin associé à ce que « JE » ressens. A chaque émotion, son besoin propre. A la tristesse, un besoin de réconfort. A la colère, un besoin d’écoute, de respect et de compréhension. A la peur un besoin protection. Et un besoin commun à toutes les émotions, la VER-BA-LI-SA-TION ! Ma verbalisation de ce que « JE » ressens.
- Et D comme Demande de connexion à partir de ce besoin. Avec cette utilisation du « TU » et du « JE« , le « JE » est dans une posture d’expression de ce que je ressens et le « TU » est dans une posture d’écoute.
La CNV n’est néanmoins pas une solution miraculeuse. Il se peut très bien que cela ne fonctionne pas du premier coup, Bien évidemment ! Notamment après des années d’utilisation du « TU » accusateur… Eh oui ! Mais à force d’exprimer cette demande de connexion et surtout s’il existe un lien entre votre interlocuteur et vous, même infime, alors il se peut que petit à petit la connexion s’établisse. Le travail n’est certainement pas terminé, mais la connexion est LA première des conditions pour arriver à ses fins. A contrario, avec la violence vous n’y parviendrez jamais, ça c’est sûr !

Avant de finir, j’entends déjà les remarques du style « la CNV, c’est le monde des bisounours ! » C’est souvent perçu comme ça, c’est vrai. A vous de voir, si par la contrainte vous parvenez à vos fins sur le long terme. Pour celles et ceux qui pensent que la CNV est le monde des bisounours, essayez la contrainte et la violence et on en reparle. Pour utiliser la CNV, il convient d’être convaincu d’avoir tout essayé !
Pour vous exercer à cette posture, j’anime des ateliers avec des exercices de mises en situation, sur des situations de la vie courante, personnelles et professionnelles. J’accompagne également des personnes en difficulté relationnelle. Si vous souhaitez trouver des solutions à vos difficultés ou si ce concept vous intéresse tout simplement, contactez-moi.