Liberté – Égalité – Fraternité … et l’altérité ?

Qu’est-ce qui fait avancer et évoluer Sapiens ? Ses besoins vitaux. Puisque la satisfaction de ses besoins vitaux est une des définitions du bonheur, c’est LE point commun à toute l’Humanité. Comment satisfait-on ses besoins ? En nourrissant nos valeurs, c’est à dire ce qui est important pour soi. Mais Sapiens est un animal social particulier. C’est le seul capable de s’associer à plus de 50 individus et contrairement aux primates, ses cousins, mêmes s’ils ne se connaissent pas. Sapiens est le seul capable de s’accorder en masse sur « des ordres imaginaires » selon Yuval Noah Harari dans son livre « une brève histoire de l’Humanité. » Et ces ordres imaginaires sont basés sur des valeurs communes, c’est ce qui permet le bien-vivre ensemble. Ce principe a fondé l’argent. Oui, c’est le premier ordre imaginaire qui a fédéré l’Humanité, la valeur de l’argent ! D’ailleurs, même si on a des valeurs radicalement différentes, on s’accorde tous sur la valeur de ce bout de papier sur lequel il est inscrit un chiffre par exemple 10€. Alors que cela ne pèse pas 1 gramme d’or ni 1 gramme d’argent, ce bout de papier n’est que la valeur sur laquelle on s’accorde, vous en conviendrez, même si on ne se connait pas, même si on n’est d’accord sur rien d’autre ! Ces ordres imaginaires ont ensuite fondé les empires et les religions. Eh oui, sur la valeur de l’argent. Même si l’argent n’était pas l’objectif des religions, il en est devenu le nerf des guerres de religions, l’argent et le pouvoir.

Photo de David Henry sur Pexels.com

Les états aussi sont fondés sur des valeurs. Notre constitution est fondée sur 3 valeurs Liberté – Égalité – Fraternité qui devrait nous rassembler. Force est de constater qu’en cette période de crise, on utilise la violence verbale à l’assemblée nationale qui, évidemment, légitime le recours à la violence physique dans la rue. Volent en éclat, ces 3 valeurs.

Alors, les valeurs de Liberté – Égalité – Fraternité ne rassembleraient-elles plus ? Ne seraient-elles plus respectées (une autre valeur, le respect !) ? Voire les 2 ? Où alors, manquerait-il une valeur fédératrice, qui collerait bien à l’évolution actuelle du monde occidental ? J’ai pensé à l’altérité ? Mais, c’est quoi l’altérité ? En quoi, pourrait-elle apaiser voire soigner la crise existentielle que nous vivons ? C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.

Photo de Max Fischer sur Pexels.com

Je me souviens de l’école primaire, dans les années 1960, tous les lundis matins, de 8h à 8h30, nous avions « cours de morale. » L’instituteur écrivait une valeur au tableau. Il introduisait la définition, qu’on recopiait pour l’ancrer ; une méthode pédagogique éprouvée. Et nous partagions sur le comment la mettre en oeuvre au quotidien. Périodiquement, en piqûre de rappel, il nous rappelait ces valeurs, lors de nos écarts de comportement… Les temps ont bien changé. Posez-voir la question aujourd’hui, à nos têtes blondes, ce que la valeur de « respect » signifie et comment elle se décline au quotidien.

Revenons alors aux fondamentaux, c’est à dire aux valeurs et donc à la satisfaction de nos besoins vitaux pour le bien-vivre ensemble. Des philosophes du siècle des Lumières comme Jean Jacques Rousseau ont évoqué la juxtaposition de 2 valeurs, Liberté et Égalité. C’est Maximilien de Robespierre qui en 1790 lie les 3 valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité pour la première fois. Mais cette formule fût vite abandonnée sous la terreur au profit de Liberté, Égalité ou la mort. Tout un programme ! Ce n’est que bien plus tard qu’on retrouve définitivement ces 3 valeurs Liberté – Egalité – Fraternité dans la constitution française à partir de 1946.

Comme l’enseignement, la France et les français ont bien changé. La crise que nous traversons se traduit par de la violence verbale à l’Assemblée nationale et physique dans la rue. Ceci aurait tendance à démontrer nos difficultés au bien-vivre ensemble. Les différences entre élus de la République et entre les citoyens ne seraient-elles plus acceptées et tolérées ? Je parle de différences d’opinions notamment et pour certains partis extrémistes, on parle de différences d’origine, de couleur de peau, de religion ou de richesse. Pourtant en France, un pays démocratique qui donne périodiquement la parole au peuple par des élections libres, les électeurs votent de moins en moins, c’est un fait. Evidemment, les points de vues cherchent à s’imposer alors par la violence, dans la rue. Par voie de conséquence, certains prôneraient même une VIème République comme LA solution qui règlerait tous nos maux en donnant plus de parole au peuple. Comme le peuple ne s’exprime plus dans les urnes mais par la violence, on imagine le résultat, du binaire et du tranchant en référence à la terreur. D’ailleurs, durant certaines manifestations actuelles, on voit refleurir des têtes plantées en haut de pics. Un signe, non ?

Qu’est-ce qui manquerait aux 3 valeurs de la République pour un apaisement tant souhaité ? Déjà, le respect des 3 valeurs constitutives de notre identité nationale, ce serait un bon début. Manquerait-il aujourd’hui une autre valeur, comme l’altérité ? Je tente alors une définition de l’altérité, qui, je l’avoue, ne me convient pas. L’altérité, ce serait « l’acceptation de la différence de l’autre. » Quand on parle de différence, on mesure. L’un est plus que l’autre. L’autre est moins que l’un. Dans une différence, il est difficile de trouver une égalité, valeur fondamentale de la République. Et dans le prolongement de la différence, on glisse facilement dans le jugement, le beau/le laid, le grand/le petit, le bien/le mal. Ça fait 5000 ans qu’on est éduqué suivant ces dogmes qui aboutissent au jugement. Alors aujourd’hui, on tenterait de faire bonne figure pour « accepter » la différence. « Accepter contre nature cette différence » comme une forme de repentance, après des millénaires de jugements, encore une référence aux dogmes.

Personnellement, je préfère une autre définition à l’altérité, c’est à dire « l’intégration de la diversité.«  Pourquoi je préfèrerais cette définition ? Que fais-je une fois avoir accepté la différence ? J’ai fait ma B.A. et je reste planté là ! Accepter me semble trop statique. Alors que « intégrer » est un verbe d’action. On est dans une dynamique. Intégrer, c’est comprendre, c’est assimiler, c’est faire soi. On est dans une dynamique de l’extérieur, l’autre, vers l’intérieur, soi. On intègre la spécificité de l’autre, et non sa différence, nuance ! Pour quoi faire ? Pour la comprendre, dans le sens de l’empathie. Je n’ai pas dit la valider, j’ai dit la comprendre intimement, c’est à dire en comprendre sa logique. Cette logique qui n’est pas la mienne a valeur de respect, puisqu’elle est issue d’une histoire, l’histoire de l’autre. Dans le respect, bien sûr, des lois et des autres valeurs qui nous réunissent ou qui ont vocation à nous unir, plutôt. Et pour reprendre la Vision intégrale de Ken Wilber, pour quoi faire, devrions-nous intégrer ? Pour se transcender, nous dit-il. Se transcender, encore un verbe d’action. La transcendance est une évolution du niveau de pensée, de vision du monde et donc de système de valeurs. Une fois avoir intégré, c’est à dire d’être passé de l’extérieur à l’intérieur, on s’est nourrit de l’autre, on peut alors se transcender, extérioriser l’enrichissement qui en découle.

Autrement dit, je préfère « intégrer la diversité » plutôt que « accepter des différences » parce qu’en intégrant, on peut se transcender. Ken Wilber dit aussi, « on incorpore pour se dépasser. » Dans la transcendance et le dépassement, il y a émergence de propriétés novatrices et créatrices qui ne sont pas simplement la somme de composantes différentes. Ken Wilber a repris l’idée d’Aristote selon laquelle le tout est plus que la somme de ses parties. Plutôt qu’ajouter une somme de différences, on transcende la diversité. C’est le sens de l’évolution. Le clivage actuel des différences est une régression.

Ainsi définie, cette valeur d’altérité me semble particulièrement importante dans le monde occidental actuellement en crise. Nous avons besoin d’intégration et de transcendance, d’incorporation et de dépassement. Nous vivons une crise existentielle qui nous pousse à passer du niveau d’existence de la société de consommation et du monde de la compétition (l’ORANGE de la Spirale dynamique) vers une société plus respectueuse des spécificités de tous et de la nature pour l’harmonie (le VERT de la Spirale dynamique). Nous avons besoin de cette intégration de la diversité pour favoriser la transcendance du niveau ORANGE au niveau VERT. Nous avons donc besoin d’altérité. Mais nous avons besoin aussi d’accompagnement de ce changement. Et pour cet accompagnement du changement, nous avons besoin de leader, un seul suffirait, qui se positionne au stade de l’évolution trans-personnelle, soit en niveau de conscience JAUNE intégrateur et en vision systémique, soit en niveau de conscience TURQUOISE en vision globale et holistique.

Je parlerai d’outils d’accompagnement du changement lors de mon webinaire du 9 mai prochain de 18h à 20h30 en visio conférence organisée par l’EMCC Occitanie Est. De manière pragmatique, nous verrons comment accompagner le changement grâce aux concepts de Spirale dynamique de Clare Graves et de Vision intégrale de Ken Wilber.

Inscrivez-vous sur ce lien Helloasso de l’EMCC Occitanie EST.

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