Jusque là tout allait bien. Tout était bien rangé dans des cases. Les hommes sont comme ci, les femmes comme ça, le personnel politique est …, les patrons tous des …, les syndicats ne pensent qu’à … etc. Le monde tel que je le vois est sous contrôle, sous une forme de cohérence interne. Puis, un événement externe vient contredire une croyance forte. Ce que je vois ou ce que j’entends n’est pas conforme à ma vision du monde, à ma croyance. Ce qui déstabilise ma cohérence interne. Ce qui conduit à, d’abord un inconfort, puis un conflit intérieur. Il y a « un truc qui cloche ! » Quelque chose qui me déstabilise. Et ça, le cerveau n’aime pas, mais alors pas du tout ! Le cerveau va alors chercher à rétablir au plus vite notre équilibre interne. Alors va se mettre en action ce qu’on appelle « une stratégie cognitive. » C’est quoi une stratégie cognitive ? C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui. Et … je « crois » que vous allez vous reconnaître …
On va commencer par définir ce qu’est une croyance, d’où vient-elle, comment elle s’établie puis s’ancre au plus profond de chacun de nous. Je vous propose une définition « C’est l’adhésion à une thèse que l’on fait sienne et que l’on exprime comme une vérité indépendamment des faits qui viennent confirmer ou infirmer la thèse. » Une croyance est donc une rationalité subjective de la réalité. Je vais prendre des exemples.
- « Les hommes sont tous plus forts que les femmes. » C’est faux. Si un homme se mesure à une championne olympique de judo, il ne restera pas une seconde debout. A part peut être Teddy Riner, je vous l’accorde. Il y a peu de championnes olympiques sur l’ensemble de l’humanité, je vous l’accorde aussi, mais des femmes pratiquant le judo capables de mettre un homme à terre, il y en a beaucoup. Donc, tous les hommes ne sont pas TOUS plus forts que les femmes.
- « Les femmes et hommes politiques sont tous des pourris. » C’est faux aussi. Je vous l’accorde, il y a eu, il y a et il y aura encore dans l’avenir des responsables politiques qui confondent intérêt personnel et mission d’intérêt général. Mais il a existé, il existe et existera toujours des responsables politiques honnêtes, du moins aussi honnêtes que vous et moi.
Vous ne me « croyez » pas ? C’est donc que vous faites appel à « une stratégie cognitive » , rien de grave, rassurez-vous. On va y venir, mais restons sur les croyances. Je peux multiplier les exemples à l’infini, à partir du moment où dans la phrase il y a « tous« , « tous les hommes » par exemple, on procède à une généralité, on met « tous » ceux qui … dans une seule et même case. Pourquoi ? C’est simple à comprendre. Le cerveau humain travaille à l’économie, parce qu’il est programmé à l’instinct de survie. Il ne peut pas passer son temps à raisonner. Il serait détourné de ce pour quoi il est programmé, nous prévenir d’un danger pour assurer l’instinct de survie. Rappelez vous qu’à l’échelle des êtres vivants, il n’y a pas si longtemps que nous sommes descendus de l’arbre et nous nous sommes mis en danger. Notre cerveau est celui d’un chasseur cueilleur. Il a donc besoin de simplicité et donc de caser certains éléments dans une case qui « généralise » pour « faire simple » et y faire référence rapidement pour se rassurer et si besoin agir. C’est ce qu’on appelle « des croyances. »
Il y a deux sortes de croyances. Celles qui vont limiter vos champs d’actions et celles qui vont, au contraire, vous ouvrir le champ des possibles. Je citerai comme exemple une croyance limitante « de toutes façons, j’ai tout raté dans ma vie ! » Notez la référence à « tout » ! Je citerai un autre type de croyance « je m’en suis toujours sorti, donc ça va l’faire ! » Noter encore une fois le « toujours » ! Alors que dans sa vie on n’a ni tout raté ni tout réussi, quand on parle de croyances, il s’agit « toujours » d’une généralisation. Cependant, si vous avez cette dernière croyance, un conseil… gardez- la ! Je « crois » que c’est une bonne croyance ! On appelle ça une croyance aidante !
A quoi me sert une croyance ? Elle sert à deux choses. D’abord, une croyance sert à rester en cohérence avec soi-même, en équilibre sur un socle constitué par ma construction identitaire. Une croyance sert aussi à conserver un sentiment de protection auprès de sa famille, son groupe d’amis, sa religion, son association, son parti politique etc. Les croyances répondent alors à deux besoins forts, l’existence même en qualité d’être humain et l’appartenance à un groupe protecteur, notamment pour se protéger d’un autre groupe dont on a peur. J’ai déjà posté un article sur l’allégorie de la caverne de Platon, qui explique ce phénomène d’appartenance à un groupe protecteur. En fait, on a besoin de croyances qui nous permettent d’avancer de manière équilibrée. Sans ça, il est difficile d’avancer vers ses objectifs. Les croyances sont nécessaires.
D’où viennent nos croyances ? Là aussi, il y a deux sortes de croyances. Les croyances qu’on a sur les autres et celles qu’on a sur soi. Mais dans les 2 cas, nos croyances proviennent de notre construction identitaire, ce qu’on nous a dit enfant sur le bien / le mal, notre vécu, notre expérience et surtout notre vision du monde qui s’est construite au fur et à mesure.
Venons-en alors aux stratégies cognitives. Lorsqu’un événement, un fait, la réalité met en doute ma croyance, je vais faire en sorte de modifier la réalité, pour la rendre cohérente avec ma croyance. Prenons l’exemple d’un homme politique honnête. Puisque cela vient déstabiliser ma croyance, je mets en oeuvre « une stratégie cognitive. » Je vous en donne un exemple « S’il est vu comme honnête, c’est qu’il ne s’est pas encore fait prendre la main dans le pot de confiture ! » C’est évident, puisque « tous les hommes politiques sont pourris ! » Et on a bouclé la boucle, on est revenu sur un terrain connu, tout est cohérent. De plus, je viens de bâtir un schéma logique dans mon cerveau, qui l’a mémorisé. J’ai donc renforcé ma croyance. Il existe un nombre important de stratégies cognitives, je n’en citerai que quelques unes, les plus courantes. Vous allez très certainement vous reconnaître … Rassurez-vous, nous sommes tous pareils. Sauf si on a conscience des stratégies cognitives qu’on met en oeuvre et qu’on fait preuve d’honnêteté intellectuelle.
L’abus de généralisation : Je ne m’attarderai pas sur cette stratégie cognitive, je viens d’en donner des exemples. Il suffit de trouver un exemple d’un homme politique qui est passé par la case prison, ou d’en trouver quelques autres, pour en déduire qu’ils sont tous malhonnêtes. Pourtant, il y a bien des hommes et des femmes en prison qui n’appartiennent pas au personnel politique et tous les hommes, toutes les femmes ne sont pas malhonnêtes !
L’approximation d’une analogie : Pour que les faits puissent coller à ma croyance, je vais faire une analogie avec une autre situation qui ressemble de manière lointaine et qui démontre le contraire. On porte ainsi le discrédit sur les faits.
La minimisation du contexte : Même si on me démontre qu’un fait vient à l’encontre de ma croyance, je vais faire jouer le contexte. Par exemple, si je crois que j’ai toujours tout raté dans ma vie, même si on me dit que j’ai réussi quelque chose, je vais alors chercher et trouver un élément de contexte qui explique que je ne suis pour rien au résultat et que tout le monde aurait réussi dans ces conditions.
L’absence de démonstration rationnelle : Cette stratégie cognitive est souvent utilisée pour des croyances basées sur la peur, avec le fameux « principe de précaution » dans lequel on met tout et n’importe quoi. Par exemple, je n’ai pas les connaissances d’un domaine, les ondes. A ma connaissance, il n’est pas prouvé que la 5G soit inoffensive, mais comme je crois que les ondes sont nocives, donc la 5G est nocive.
La relation de cause à effet abusive : Cette stratégie cognitive est souvent utilisée pour l’effet placébo. Le cerveau se persuade qu’en ayant fait une action, cette dernière a entraîné, de fait, le résultat. Alors qu’il n’y a aucun rapport de cause à effet. On rencontre aussi souvent cette stratégie chez les personnes superstitieuses ou avec des tocs. Avant de faire quelque chose, il faut faire une action préalable pour que ça marche. C’est bien une stratégie cognitive parce que sa mise en oeuvre permet de rester en cohérence avec soi, pour se sécuriser. Et, plus je la mets en oeuvre plus ma croyance se renforce. Et si jamais cela ne marche pas, je vais aller chercher une autre stratégie cognitive pour retomber sur mes pattes. Le contexte par exemple. Et je boucle !
Les attaques personnelles : Les stratégies cognitives qui visent à discréditer celui qui avance une croyance différente de la mienne sont très nombreuses. Plutôt que d’être sur les faits et les arguments de son contradicteur, on va chercher en lui ce qui pourrait le discréditer en qualité d’être humain, pour discréditer ses dires. Il y a, entre autres, la stratégie de l’épouvantail, sur lequel j’ai déjà écrit un article sur le sujet. Tout ce que dit celui qui est catalogué comme épouvantail est faux, puisqu’il est méprisable. C’est une stratégie très utilisée en politique, lorsqu’on manque d’arguments logiques. Aussi, la référence aux lobbys est très utilisée pour discréditer les dires de ceux catalogués comme tels. Un lobbyiste étant au service d’un lobby au pouvoir qui opprime, il a cessé d’appartenir au clan des humains porteurs de valeurs universelles, d’humanisme, d’éthique, de morale. Le grand satan.

Etc. Etc. Je vais m’arrêter là, parce que les stratégies que l’on met en oeuvre pour rester en cohérence avec soi-même sont multiples. Le cerveau humain est d’ailleurs très prolifique à en inventer. Il faut avoir à l’esprit que, par le manque d’ouverture à d’autres formes de pensées, on se bloque soi-même dans sa propre évolution. Vous ne me croyez pas ? …. CQFD !
Dans un processus de développement personnel, il y a plusieurs « visites » incontournables. La « visite » et la réinterrogation de ses croyances en est une, systématique. C’est un exercice particulièrement difficile parce que déstabilisant. Pourquoi ? Parce qu’on est agrippé à sa croyance et, si on veut avancer, il faut … lâcher prise.
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Alors comment fait-on, en accompagnement, pour aider le coaché à lâcher prise ? Comment fait-on pour, non pas changer sa croyance, mais l’aider à voir la réalité en face et dépasser cette croyance ? Faire douter ! Et faire douter encore et encore ! Interroger sans relâche la rationalité ! En fait, faire marcher le néo cortex, celui qui raisonne. Il y a bien un moment où « il y a un truc qui cloche ! » Et ça, le cerveau n’aime pas, mais alors pas du tout ! Ce travail permet de reconstruire un schéma logique de sa nouvelle vision du monde. Et… c’est reparti pour un tour ! Lorsque vous pourrez changer toutes vos croyances limitantes en croyances aidantes, ce sera gagné !
Un coach est là pour vous éviter de tomber lorsque vous lâcherez prise, le temps de retrouver votre équilibre. Si ce travail sur vous-même vous semble nécessaire, contactez-moi.