Même sans avoir un talent d’écrivain, à toutes périodes de la vie, enfant, adolescent, adulte, sénior, ne nous est-il pas arrivé d’avoir un besoin d’écrire ? Certains sur un carnet intime, pour eux seuls donc. D’autres, écrire plutôt pour les autres, sur un bout de papier, ou maintenant sur sa page d’un réseau social. Quel est ce besoin d’écrire ? Ce besoin de verbaliser par écrit. Qu’est-ce qui nous fait passer à l’acte, prendre le stylo ou le clavier ? D’où naît-il ce besoin ? Y a-t-il au final une plus value ? Si oui, laquelle ? Et puis, que fait-on finalement de ce qui est écrit ? Et si je ne couche pas par écrit ma pensée, que peut-il se passer ? C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.


Avant d’aborder cette verbalisation par l’écrit, abordons la réflexion, sans écrit donc. On aligne les pensées entre les deux oreilles, les unes à la suite des autres. Ça tourne en boucle. On se forge alors des convictions, des croyances mêmes, qui, elles, restent ancrées. A terme, on oublie souvent ce qui a amené ces convictions ou ces croyances. Le cerveau est ainsi fait, il a besoin de facilité pour s’économiser. Il a besoin de faire de la place, il élimine le futile, pour garder l’essentiel, mémoriser le vital. Chaque notion est bien rangée dans une case, c’est facile et efficace. A chaque situation, sa croyance et son jugement associé. Tant que ce sont des croyances aidantes, tout va bien. S’il s’agit de croyances limitantes, au sens de limiter vos actions, là, cela peut vite devenir handicapant pour avancer.
La verbalisation par l’écrit a un objectif, organiser ses idées, les mettre en forme en choisissant les mots. Mais pas que …

La verbalisation par l’écrit est un passage à l’acte. Pour passer à l’acte, il faut avoir ressenti un besoin. Et comme un besoin ne naît jamais sans manque, le passage à l’acte naît de la prise de conscience d’un manque. Lorsqu’on écrit pour les autres, c’est un besoin de mettre de la valeur à sa pensée pour la partager. Partager une information, partager son ressenti, partager un savoir, partager une émotion, c’est toujours avec une intention, solliciter le retour des autres. Le besoin naît du manque de retour de la part des autres. Lorsqu’on écrit pour soi, sans que les autres le voient, il peut y avoir plusieurs besoins à satisfaire.
Notre cerveau est constitué de 3 parties, le cerveau reptilien, l’instinctif par les actions, le cerveau limbique, les émotions, et le néo cortex, le mental. Nous venons de voir que le passage à l’écrit est un passage à l’action, regardons maintenant, les deux autres aspects, l’émotionnel et le mental.
- Emotionnellement, le passage à l’acte provient du besoin d’exprimer ce que l’on ressent, mettre des mots sur mes maux. Quelle que soit l’émotion, joie, colère, tristesse ou peur, le besoin commun est de l’exprimer en la verbalisant sous une forme ou sous une autre. La réflexion, interne au cerveau, fait monter la pression interne et ne permet aucunement « l’ex-pression » de l’émotion, littéralement « ex-pression = sortir la pression. » Le besoin naît du manque d’ouverture « de la soupape de décharge de la pression » , comme pour la cocotte minute. On peut, même tout seul, verbaliser à haute voix. C’est le même effet que par l’écrit. La verbalisation est le prolongement de la pensée.
- Par définition, la verbalisation est la traduction en mot de la pensée. A l’oral, on entend ce qu’on dit ou crie … A l’écrit, on voit ce qu’on écrit. La réflexion est enrichie par un sens, l’ouïe ou la vue. La verbalisation change fondamentalement l’objet de la réflexion, il y a un support. Néanmoins, il y a une différence fondamentale entre verbaliser à l’oral et verbaliser à l’écrit. Les paroles s’envolent, les écrits restent, pour s’y référer plus tard. J’y viendrai juste après.
- Rationnellement, le passage à l’écrit peut naître d’un besoin d’éclaircissement, pour y voir clair. Mettre en vrac ses idées pour trier, classer, ordonner, prioriser, ce qui est difficile sans objet matériel. Il peut naître aussi d’un besoin de tracer pour ne pas oublier. C’est à dire pour s’y référer plus tard.
L’écrit permet de s’y référer plus tard ! C’est bien là où réside toute la plus-value de l’écrit, contrairement à la verbalisation orale. Sur un support, on a mis de coté un certain nombre de notions pour s’en servir plus tard. Ne vous est-il pas arrivé de relire après quelques jours, quelques mois, quelques années même, vos écrits ? Quelle a été votre surprise, sans doute ? J’avais écrit ça ! Et je l’avais écrit comme ça ! Comment se fait-il que, plus tard, vos écrits ne « résonnent » plus de la même manière à votre réflexion ? Tout simplement parce que votre « raisonnement » est influencé par votre état d’esprit. Vous aviez peut être écrit ces lignes sous le coup d’une émotion, qui maintenant est apaisée. La confrontation, pas au sens de combat mais au sens de la comparaison, de ce que vous avez écrit avec ce que vous pensez au moment de la relecture vous permet alors la prise de conscience de l’exagération de vos propos, des raccourcis du raisonnement obscurci par l’émotion, de l’évolution de votre comportement face aux événements. L’écrit donne du recul. De même, d’autres éléments ont pu apparaître depuis la traçabilité de l’écrit. Ils vous donnent donc un autre éclairage. L’écrit donne une photo instantanée de la situation vécue. Vous pouvez donc soit déchirer l’écrit parce que son contenu n’a plus de raison d’être, soit l’amender, le compléter, le préciser, le corriger. L’écrit permet de capitaliser le cheminement de sa pensée sur le long terme.

Durant les processus de coaching, certains clients prennent le temps d’écrire pendant leur séance. Je leur laisse ce temps de traçabilité et de capitalisation. Certains aussi tracent l’ensemble de leur processus entre chaque séance. C’est un excellent moyen de suivre le cheminement de sa pensée et de repérer ce qui a contribué au déclic, il y en a toujours au moins un durant un processus de coaching. Sans l’écrit, la mémorisation est beaucoup plus difficile. Il n’y a que la mémoire émotionnelle qui ancre à jamais les événements et les faits sans avoir recours à l’écrit.
Et vous ? Que tracez-vous par écrit ? D’où vient ce besoin ? La prochaine fois que vous écrirez sur votre page d’un réseau social, je vous propose de vous poser les questions suivantes « Qu’est-ce qui me pousse à écrire ce que j’écris ? Quelle est mon intention ? J’en attends quoi ? » Et si vous avez besoin d’un regard extérieur, bienveillant, neutre qui vous assure la confidentialité, le coach peut vous aider à verbaliser. Contactez-moi !
PS : Et quant à moi… j’ai analysé pour-quoi, en deux mots, avec quelle intention, j’écris ces articles … Certaines des raisons sont dans cet article !