Quand on entend « Moi, je ne pleure jamais. Je ne mets jamais en colère. Bref, maîtrise totale ! » à première vue, on pourrait dire, mais comment fait-il (elle) ? Avec un brin d’envie, parce que parfois, mon émotion est tellement vive, que j’ai du mal à la « contenir ! » C’est même « préjudiciable » à l’affirmation de soi, auprès des autres, parce que j’ai dû mal à maîtriser ce que je dis. Mes mots dépassent ma pensée. D’où l’idée qu’on entend parfois, « Gérer mes émotions, c’est les contenir, les garder, les refouler même pour être accepté des autres. Adulte, exprimer une émotion, ça ne se fait pas ! Les émotions sont du domaine de l’enfance ! » Serait-ce alors « enviable » de ne plus exprimer des émotions ? Encore notre éducation basée sur des interdits, la liste est longue… Elle commence par « tu ne tueras points » et par extension « Arrête de pleurer, tu es grand maintenant ! » , « N’aie pas peur, c’est pas grave ! » , « Je ne t’écoute pas tant que tu es en colère ! Calme toi ! » , « Arrête de sauter partout en exprimant ta joie ! Tu es fatiguant ! » Ça vous rappelle des choses ? … Alors ? Ne plus exprimer d’émotion serait-ce la clé pour gérer les situations ? D’ailleurs, serait-ce possible de ne plus exprimer d’émotion ? A ces 2 dernières questions, la réponse est bien évidemment non ! NON ! Ce serait même tout l’inverse … C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.
En premier lieu savez-vous qu’il existe une maladie, l’alexithymie qui affecte 15% de la population. Ce sont des personnes incapables d’exprimer leurs émotions par des mots. C’est une affectation du cerveau, peu enviable donc, vous en conviendrez. Ça c’est fait !
Pire encore, serais-je tenté de dire ! Il existe des personnes, non atteinte par cette affection du cerveau, qui refoulent leurs émotions volontairement, par culture et éducation. Pourquoi, serait-ce pire ? Le Vésuve et Pompéi, ça vous rappelle des choses ? Et bien gardez cette image en tête, nous allons voir à partir de quoi et comment une émotion apparaît et surtout pour quoi faire (en deux mots « pour-quoi » ), il faut l’exprimer.

La définition du mot émotion vient du latin « e movere », un mouvement (movere) vers l’extérieur (e). Un mouvement de quoi ? D’un stimuli interne résultant d’un sens, la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher etc. monte alors une pression intérieure qui affecte votre corps, c’est l’aspect physiologique de l’émotion. Cette pression monte, avec la gorge serrée, le coeur qui bât quelle que soit l’émotion peur, colère, tristesse ou joie. Puis, la pression étant trop forte, vous exprimez cette émotion. Littéralement, « ex-pression » vous « sortez cette pression » interne, par des cris, des larmes, des mouvements du corps. C’est ça une émotion, sortir la pression interne. Quel est l’intérêt ? Si la pression ne sort pas, elle reste comprimée. Puis une autre émotion arrive, la nouvelle pression s’additionne à la précédente, ainsi de suite jusqu’à l’explosion, à la manière du Vésuve le 24 octobre de l’an 79 après JC qui a enseveli Pompéi. Ça sert à ça d’exprimer une émotion, faire retomber la pression de manière à pouvoir ensuite raisonner de manière rationnelle. Sous pression, c’est impossible et lorsque la pression est trop grande, ça explose. Dans ces 2 cas, vous serez dans l’impossibilité de « gérer la situation. »
Après cette introduction, revenons au sujet de ce post faut-il gérer ses émotions ou gérer les situations durant lesquelles j’exprime des émotions ? Pour votre équilibre interne, la pression émotionnelle doit sortir. Sinon elle vous affectera à long terme physiologiquement et psychologiquement. Vous ruminerez et vous vous forgerez des croyances limitantes. Gérer ses émotions dans le sens de les contenir, c’est impossible, gérer les situations, là oui, c’est possible. Il faut alors faire preuve d’Intelligence Emotionnelle. Déjà dans le libellé, il y a une difficulté de compréhension de cette association « intelligence » d’une part et « émotion » d’autre part. Ça ne colle pas ensemble ! L’intelligence fait appel à notre cerveau néo cortex, celui qui analyse rationnellement les situations. Quand à l’émotion, elle fait appel au cerveau limbique, voir le cerveau reptilien, le plus archaïque, lorsqu’il s’agit de peur contre sa vie, de stress donc. Difficile donc d’analyser rationnellement lors de l’apparition d’une émotion. Alors c’est quoi l’Intelligence Emotionnelle ? Jack Mayer et Peter Salovey en ont donné une définition en 1997, « la capacité à percevoir l’émotion, à l’intégrer pour faciliter la pensée, à la comprendre et à la maîtriser afin de favoriser l’épanouissement personnel. »
L’idée est de mettre de l’intelligence dans ses émotions. C’est comme cela que vous pourrez gérer les situations. L’intelligence émotionnelle est une compétence. Comme toute compétence, ça s’apprend et ça se développe. Reprenons la définition.
- Percevoir l’émotion. Quand on connait ce qu’est une émotion, on a compris le mécanisme et on est capable de percevoir l’émergence de cette pression interne. Il s’agit de la nommer peur, colère, tristesse, joie ? A chaque émotion, il y a un besoin associé respectivement se protéger, être compris et respecté, être réconforté, partager. Durant cette phase d’introspection, il s’agit d’instaurer un dialogue interne. Quelle est cette émotion qui monte en moi ? Quel est le besoin associé ? Puisque vous avez identifié le besoin, vous savez comment le satisfaire. On peut alors passer à la seconde phase.
- Intégrer pour comprendre l’émotion. Ce que vient de me dire mon interlocuteur me heurte, me blesse, bref me fait monter une pression interne. D’où cela vient-il ? Sans doute de ma culture, de mes valeurs, de mes besoins pour vivre. C’est donc légitime de ressentir cela, je l’intègre, je l’accepte. La cause de mon émotion n’est pas mon interlocuteur, mais ce que je suis, moi. Oui, oui ! Vous avez bien entendu, l’émotion ne vient pas de votre interlocuteur mais de vous ! Si votre interlocuteur s’était adressé à quelqu’un d’autre, il n’aurait peut être pas ressenti ce stimuli interne. Ce ressenti provient de ce que vous êtes, vous.
- La comprendre, c’est faire preuve d’auto empathie et donc c’est me préserver. Cette émotion doit donc sortir, sinon je me détruis de l’intérieur. Il faut que ça sorte, avant que cela n’explose. Je l’exprime par exemple « Ce que tu me dis heurte mes valeurs. Je te propose d’arrêter. Je souhaiterais reprendre notre conversation sur d’autres bases. Sinon on arrête. » Ce type de « Communication NonViolente » (Cf Marshall Rosenberg) permet d’exprimer son émotion (EX-pression) et de sortir la pression, mais sans agresser l’autre, en étant centré sur soi, sur ce que je ressens.
C’est ça la clé pour gérer les situations ! Sortir la pression sans agresser l’autre en étant centré sur soi. Mais pour en arriver là, il faut détenir cette Intelligence Emotionnelle, percevoir, intégrer, comprendre mes émotions. Et ce n’est qu’une fois la pression émotionnelle évacuée que je faciliterai l’expression de ma pensée rationnelle, ce qui permettra de gérer la situation. Tout cela contribue à mon épanouissement personnel.
En procédant de la sorte, vous avez satisfait votre besoin, fait baisser la pression interne. En résumé c’est sorti, votre cerveau est apaisé. Il peut maintenant raisonner sans pression, vous pouvez gérer la situation. Ça demande de l’entraînement, j’en conviens. Ça vous dirait de vous entraîner ? Je réalise des ateliers dans ce sens. Contactez-moi.