Mode d’emploi « Comment prendre le pouvoir en période de crise ? »

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J’avais imaginé titrer cet article « Est-ce que ce monde est sérieux ? » comme le chantait Francis Cabrel pour dénoncer la violence d’une corrida. Mais je me suis résolu à le titrer ainsi, Mode d’emploi « Comment prendre le pouvoir en période de crise ? » Pourquoi ? Parce qu’à bien y regarder, les démocraties actuelles sont toutes confrontées à un tsunami de populisme assumé, violent donc, particulièrement durant les campagnes électorales où là, il n’y a plus de limite. Et quand, dans les postures et les discours des personnages politiques et dans leur programme, il n’y a plus de limite, on appelle ça de « l’extrémisme. » C’est la définition même de l’extrémisme ou du jusqu’au-boutisme dont je cite la définition, « le qualificatif d’une doctrine ou d’une attitude politique, religieuse ou idéologique dont les adeptes refusent toute modération ou toute alternative à ce que leur dicte cette doctrine. » Vous aurez noté « refusent toute modération ou toute alternative à ce que leur dicte cette doctrine. » Ce que récemment, on a entendu d’un groupe politique arrivé en tête des élections législatives françaises de 2024, sans avoir la majorité, « le programme, tout le programme, rien que le programme. » L’extrémisme n’a pas de couleur politique.

Pourquoi je vous parle de cela dans un blog de coaching ? Parce que ça illustre une des 4 phases de l’accompagnement du changement en période de crise existentielle. C’est la 3ème phase, ce qu’on appelle « le creux gamma. » Celles et ceux qui accompagnent le changement doivent connaître ces 4 phases, parce qu’il faut passer par ce creux pour obtenir le « saut de conscience » salutaire qui permettra de sortir de la crise existentielle. Les politiques populistes connaissent ce creux gamma favorable à la prise du pouvoir. Et bien évidemment, ils l’utilisent et en usent.

Alors, voulez-vous des exemples très récents de cet extrémisme ambiant ? Voulez-vous connaître cet enchaînement spécifique à notre espèce qui accompagne notre évolution depuis 300 000 ans et qui passe systématiquement par le recours aux solutions simples et populistes et violentes donc ? C’est ce que je vous propose aujourd’hui.

On pourrait prendre des exemples français actuels, ils ne manquent pas. J’ai choisi de prendre des exemples de la semaine qui vient de s’écouler, outre atlantique. Donald Trump, le candidat à l’élection présidentielle américaine, a manifestement franchi toutes les limites. En voici quelques exemples. Il est difficile de les citer tous, puisque la stratégie est de saturer l’espace médiatique par la surenchère des outrances, des injures, des menaces et même des obscénités.

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Commençons par les outrances et les injures. Il a qualifié sa concurrente, je cite, « de stupide avec un QI bas, de tarée, d’aliénée, de vice-présidente de merde » et pour finir « de véritable pourriture. » Je n’invente rien, reportez-vous à la presse qui rapporte ses propos. De plus, il utilise une stratégie très efficace qui revient à coller un sparadrap à son adversaire, très difficile à retirer comme le capitaine Haddock et qui s’appelle « la stratégie de l’épouvantail. » Il a qualifié sa concurrente de « marxiste et de communiste. » Avec cette stratégie, que j’ai détaillée dans un de mes articles, on pousse l’adversaire à se défendre de l’accusation, ce qui revient à valider la qualification. Les partisans n’écoutent plus celle ou celui qui porte le sparadrap. Ils ne voient plus que le sparadrap. C’est très efficace. On ne parle plus du fond. D’ailleurs, quel est le programme de Trump ? La violence dans les faits après la violence verbale. Voulez-vous un exemple ? Poursuivons.

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Poursuivons avec les menaces. Il a suggéré de « braquer des armes sur Liz Cheney, une républicaine qui soutient sa concurrente. » C’est une menace caractérisée sur la vie humaine. La définition d’une menace est « l’expression d’un projet de nuire à autrui par un acte d’intimidation en lui suscitant de la crainte. » Et lorsqu’on projette l’utilisation d’armes, c’est punissable en France par le Code pénal. Et aux USA ? Manifestement, il se met en dehors de toutes limites fixées par la loi, de l’éthique et de la morale, notamment chrétienne de laquelle il se revendique pourtant, avec un commandement qui prône l’amour inconditionnel « tu aimeras ton prochain comme toi-même. » L’incitation et la légitimation à enfreindre les lois de toutes les sociétés organisées sont caractéristiques de l’extrémisme. Et quelle que soit la couleur de l’extrémisme. Greta Thunberg utilise ce même principe « nous ne pouvons pas sauver le monde en respectant les règles actuelles. » L’extrémisme n’a pas de couleur politique. Il n’est ni de droite, ni de gauche. Il est jusqu’au-boutiste, par définition.

Finissons avec les obscénités qui permettent de démontrer que Donald Trump est en roue libre. Durant un de ses derniers meetings de campagne, il a mimé un geste obscène et une pratique sexuelle très explicite avec son micro, qui a entraîné l’hilarité de son auditoire. On va s’arrêter là, pour éviter la nausée.

Alors, sont-ce des dérapages ? Non, c’est stratégique. Il fait cela parce que « ça marche ! » Comme disait Monsieur de La Fontaine, « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute. » Il parle à son électorat qui a besoin du ciblage d’un grand Satan pour exhorter toutes les frustrations des crises qu’il supporte. C’est la stratégie du populisme. On n’apporte aucune solution. On ne fait qu’offrir au peuple un défouloir. Le marxisme et le nationalisme du XXe siècle utilisaient exactement les mêmes recettes efficaces pour la prise du pouvoir. Au XXe siècle, Trotsky ou Goebbels n’ont pas utilisé d’autres méthodes pour légitimer la prise du pouvoir par la force.

Le populisme : Utiliser le désespoir du peuple et fournir un défouloir. Comme le disait Talleyrand « Agitez le peuple, pour mieux s’en servir ! »

Dans le cas de Donald Trump, c’est plus subtil. On essaye la démocratie. Et si le résultat est différent de ce qu’on prévoit, on continue la stratégie précédente et on légitime la prise du pouvoir par la force. Rappelez-vous l’événement du Capitole le 6 janvier 2021. À la manière d’un ressort bandé, le peuple était programmé pour ce coup de force. C’est d’une logique implacable, sans limites. Un démocrate, non pas du parti démocrate, mais un politique qui se revendique de la démocratie, se fait élire sur un programme avec des mesures, par définition « mesurées. » Un extrémiste se fait élire, en s’appuyant sur 3 leviers, la peur d’un grand Satan à combattre et qui sert de défouloir, la méconnaissance qui autorise les imprécisions et fake news et la répétition qui programment le peuple au recours à la force, si besoin. Quant au programme, il est « radical » pas besoin de le développer, il est suffisamment explicite. La force !

On a même créé un nouveau mot pour caractériser la stratégie que Donald Trump a conceptualisée, la « trumpisation » de la vie politique qui caractérise les politiques utilisant la stratégie des outrances et des fake news dans le débat politique qui encourage le recours au populiste. Est-ce nouveau ? Non, ça a toujours existé. C’est caractéristique d’un monde en crise existentielle. Cependant, aujourd’hui, les réseaux sociaux amplifient le phénomène à l’échelle planétaire.

Pour celles et ceux qui connaissent le mécanisme immuable de l’évolution de l’Humanité que décrit la Spirale Dynamique savent que le recours aux solutions simples est le signe de la fin d’un niveau de conscience. J’en parle dans mon livre. J’en ai écrit un article. Je vous le résume.

L’évolution de Sapiens s’est réalisée par étapes appelées niveaux de conscience avec chacun un système de valeurs et une vision du monde. Lorsque Sapiens est dans un niveau de conscience, il satisfait ses besoins, c’est la phase alpha. Puis, les comportements inhérents à ce système de valeurs aboutissent à des excès. Des problèmes d’existence apparaissent, mais Sapiens a une grande capacité d’adaptation, alors il s’adapte. C’est la phase bêta. Sapiens s’adapte, oui, mais jusqu’à ce que ses besoins vitaux ne soient plus satisfaits. Il plonge alors dans « le creux gamma. » Rien ne va plus. Il cherche des solutions simples pour sortir de sa crise.

C’est à ce moment-là que les populistes entrent en action. Le contexte est favorable pour l’écoute des messages simples. C’est pain béni. Toutes les solutions simples, généralement du passé, sont gobées par ceux qui vivent une crise existentielle.

Quelques exemples, prendre l’argent aux riches, renvoyer les étrangers chez eux, planter 100% d’éoliennes, construire un mur à la frontière du Mexique, à grand renfort de ciblage d’un grand Satan, d’appui sur la méconnaissance du peuple et en répétant inlassablement le message, pour qu’il s’ancre. C’est le mécanisme d’ancrage d’une croyance. Mais évidemment les solutions simples, surtout celles du passé, ne sont pas applicables. Elles ont servi à prendre le pouvoir. Elles aboutissent systématiquement à une impasse. C’est là qu’apparait un (ou plusieurs) précurseur(s). C’est une femme ou un homme qui propose une autre vision du monde, un autre système de valeurs qui va régler la crise existentielle. C’est le saut de conscience delta. Voici quelques exemples de précurseurs, les prophètes comme Moïse, Jésus et les autres, Christophe Colomb (eh oui ! je l’explique dans mon livre), Galilée bien-sûr, Gandhi et Clare Graves qui a été à l’initiative de la Spirale Dynamique. Une fois que cette nouvelle vision du monde est embrassée par un nombre significatif de Sapiens, l’Humanité revient à la phase alpha avec la pleine satisfaction ses besoins vitaux. Et on est reparti pour un tour. Jusqu’à la crise existentielle suivante.

Que vous accompagniez des citoyens en politique, des enfants en éducation parentale ou des salariés en management, cet enchaînement de crise existentielle, recherche de solutions simples, prise de conscience de l’impasse qui mène à la transcendance vers une autre vision du monde est rigoureusement le même.

Ce mécanisme provient

« des gènes d’évolution sociale de notre espèce, Sapiens. »

Comprenez-vous ces mécanismes ? Si vous voulez prendre du recul, il vous faut voir le monde en couleurs. Aux couleurs de la Spirale Dynamique. Contactez-moi et/ou commandez mon livre.

Spirale Dynamique