Parler en public

Parler en public, est-ce aisé ? « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrive aisément » , voilà ce que nous disait Nicolas Boileau au XVIIième siècle. Quand il faut mettre son savoir sur papier, oui peut être, mais quand il faut parler en public, le mot « aisément » sonne faux. Dans la vie, les occasions ne manquent pas de prendre la parole en public, dans une association, pour une célébration de famille, mariage ou autre, en entretien de recrutement. Au travail, devant ses collaborateurs ou ses collègues. C’est une compétence attendue dans beaucoup de métiers. Manager et dirigeant bien sûr, vendeur/vendeuse, formateur(trice), animateur(trice), artiste, conseiller(ère), éducateur(trice), hôte/hôtesse d’accueil etc. Généralement, on vous dit « tu es expert(e) du domaine, ça va l’faire ! » . Effectivement, dans ces conditions, parler en public ne devrait pas poser de problème. Puis au moment de prendre la parole, monte une pression interne relative à la peur, alors qu’on maîtrise le fond. On ne trouve plus les mots, on a oublié ce que pourtant on maîtrise. La preuve, après cette prise de parole, tout revient, comme par enchantement. Bizarre non ? Plusieurs fois répétée, cette peur se transforme en stress. On résume ça par « un manque de confiance en soi« , fourre tout. On est bien avancé avec ça ! Que se passe-t-il alors ? Et comment faire, pour surmonter cette situation ? C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.

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On va faire le tri de ce qu’il se passe lorsque vous prenez la parole devant un auditoire, mais avant cela il faut comprendre comment votre cerveau fonctionne. De manière très simpliste, le cerveau est formé de 3 parties qui suivent l’évolution des êtres vivants. D’abord le cerveau reptilien, le plus archaïque, qui gère votre instinct de survie. Pas besoin de raisonner, si une menace pour votre vie surgit, il va faire sécréter des hormones et faire fonctionner vos organes pour que vous ayez l’énergie de fuir. Situé juste au dessus de la moelle épinière, les influx issus de cette partie du cerveau sont rapides, votre vie en dépend. Le second cerveau est le cerveau limbique, le propre des mammifères, c’est le siège des émotions, situé au centre du crâne. Et pour finir, le néo cortex, le propre de l’homo sapiens, le siège du raisonnement analytique. Votre cerveau fonctionne dans cet ordre, d’abord l’instinct de survie, puis les émotions et pour finir le raisonnement analytique. Autrement dit tant que votre cerveau est sous l’emprise de l’émotion, votre cerveau néo cortex ne fonctionne pas ou peu. C’est déjà une explication pour laquelle lorsque vous êtes seul, ce que vous maîtrisez vous revient comme par enchantement alors que quelques minutes plus tôt devant le public, vous ne vous souveniez de rien. De même, si vous voyez la situation de parler en public comme une menace psychologique, le cerveau, lui, ne sait pas faire la différence entre une menace physique et une menace psychologique. Vous auriez devant vous un lion prêt à vous sauter à la gorge, ce serait pareil. Devant votre public, vous ne pensez qu’à une chose, fuir, plutôt qu’à vous souvenir de ce que pourtant vous maîtrisez.

Alors, cette peur ou ce stress de parler en public, est-ce un manque de confiance en vous ? La confiance en soi, c’est « être capable de » . Parler du savoir que vous maîtrisez, vous en êtes capable. Avec une personne de « confiance », ça irait encore. Donc, c’est le fait de le faire « en public » . Qu’est-ce que ça change et que représente pour vous le public ? Oui, c’est bien « la représentation » et « la perception » de cette situation qui est à l’origine de cette peur ou ce stress.

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Photo de Christina Morillo sur Pexels.com

Ecoutez-vous, qu’est-ce qui vous passe par la tête ?

  • « Vais-je être à la hauteur ? » A la hauteur de quoi ? De votre idéal, ce qui, pour vous est l’idéal de la valeur que vous voulez montrer aux autres, et ça c’est l’estime de soi. Vous allez donc « jouer un rôle », ne plus être vous, un manque caractérisé d’authenticité, pas étonnant de ne plus vous souvenir de votre savoir, vous n’êtes plus vous !
  • « Si je me plante, que vont-ils penser de moi ? » C’est représentatif de la perception du regard des autres. Là aussi, ça relève de l’estime de soi. Et ce public, il est là pour quoi ? Voir vous planter ? Vous couper la tête ? Si oui, vous avez raison de stresser … courrez, fuyez ! Ou, sont-ils venus chercher une information, acquérir votre savoir ?  Ils vous regardent ? Oui bien sûr, ils ne peuvent pas vous tourner le dos ! C’est ce que vous allez leur dire qu’ils écoutent en vous regardant.
  • « J’ai les mains qui tremblent, la voix qui chevrote, ils vont s’en apercevoir … » Oui ça c’est sûr, ils vont même voir que vous n’avez qu’une envie, c’est partir en courant pour échapper à la menace qui n’est qu’une perception de votre part, même si la situation revêt un enjeu.

En résumé, dans cet état d’esprit, vous êtes centré sur quoi ? Sur le contenu de ce que vous dites ? Non, pas du tout ! Vous êtes centré sur vous. Rien d’anormal, si vous perdez le fil. La peur de parler en public, ce n’est pas la peur des autres, c’est la peur de vous-même, et plutôt une somme de peurs qui trouvent leurs origines dans votre éducation, vos croyances, votre expérience, vous donc.

Avant d’aller appliquer des p’tits trucs et astuces que les non professionnels de l’accompagnement vous donneront, il faut d’abord aborder « le rapport à soi » , c’est à dire ce qui est à l’origine de vos peurs. Sinon, ce sera un pansement sur une jambe de bois. Il faudra aborder les trois points clés de l’estime de soi, votre perception de votre image, votre perception du regard des autres et ce qui constitue votre idéal.

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Photo de Min An sur Pexels.com

La seconde phase du « rapport à soi » consiste à verbaliser vos peurs, mettre des mots sur ce que vous vivez avant et pendant votre parler en public. De quoi précisément avez-vous peur ? A froid, il convient de sortir cette pression interne que vous avez additionnée au fil de vos prestations devant un public. Plus elle sortira à froid cette pression, moins elle sera forte à chaud. La verbalisation a une efficacité redoutable. En verbalisant vos peurs à un tiers, le coach qui reformule en toute bienveillance et qui vous garantit la confidentialité, vous allez les relativiser et surtout y trouver des parades.

C’est à cette occasion que nous aborderons le challenge, et non la menace, que représente pour vous, « parler en public » . Sous la menace, vous cherchez un échappatoire. En vous challengeant, vous recherchez la performance. En imprimant cet état d’esprit à votre cerveau, il va actionner en vous « la pompe à hormones et neurotransmetteurs » , la dopamine notamment, le neurotransmetteur de la motivation qui réduit le cortisol, l’hormone du stress. C’est du dopage naturel, pourquoi s’en priver ? Vous allez alors faire fonctionner votre cerveau néo cortex, pour déterminer des solutions rationnelles et efficaces, plutôt que vous préparer à fuir comme vous le propose votre cerveau reptilien. Vous déterminerez les actions sur lesquelles vous avez la main. Puis les actions de protection contre les éléments hors de votre contrôle. Ceci contribuera à mieux vous préparer et donc améliorer votre confiance pour aborder la situation de parler en public.

Une fois que ce travail réalisé sur le « rapport à soi », la pression sur soi aura baissé, on pourra alors passer à la phase opérationnelle de votre intervention. Nous aborderons le « rapport au contenu » de votre intervention puis le « rapport aux autres » .

Le « rapport au contenu » . Bien évidemment, il convient de maîtriser le sujet, c’est un minimum. Il faut commencer par là. Ensuite, il convient de structurer ce que vous avez à dire, avec un schéma logique, sur lequel vous allez vous appuyer pour reprendre le fil en cas de perte de repère en situation, cette fameuse peur du « je ne sais plus où j’en suis » . Sachez aussi que dans un message transmis, Albert Mehrabian, psychologue américain, nous dit que le registre du verbal, les mots employés donc, ne représente que seulement 7% d’efficacité. Ensuite, vient le para verbal, le rythme, le ton, le timbre de voix, avec 38% d’efficacité. Et surtout, le Non verbal, c’est à dire le langage du corps, les attitudes, la gestuelle, qui représente 55% d’efficacité. Pour travailler ces points, vous pouvez vous enregistrer, vous filmer, vous chronométrer, répéter avec des personnes de confiance, c’est un travail qui paye.

Le « rapport aux autres » . Le travail consiste à être vous-même, être authentique, sinon les autres vont le voir. Avant de se connecter et se mettre en confiance avec les autres, il convient de se connecter et de se mettre en confiance avec soi-même. Juste avant de parler, un des meilleurs moyens est de faire quelque chose ou penser à ce qui vous provoque le plus de plaisir pour vous. Les uns choisiront un morceau de musique qui évoque quelque chose de joyeux. Pour d’autres, ce sera se concentrer sur une méditation, penser à leurs enfants, une ballade en pleine nature etc. Bref, quelque chose qui évoque la joie, c’est très efficace pour vous connecter à vous même et être authentique. Dans ce type d’exercice, la sécrétion de l’hormone du plaisir, l’ocytocine, bloque les effets du cortisol, l’hormone du stress. Vous comprendrez qu’il ne faut pas s’en priver, particulièrement dans ce cas de figure ! L’entrée en matière est également capitale pour vous mettre en confiance. S’il y a UNE chose à apprendre par coeur, ce sont les premiers mots d’introduction. Et si vous avez une appréhension, dites-le de manière authentique, jouez franc jeu. Sauf bien sûr si vous animez une formation sur le « Parler en public » … La majeure partie de l’auditoire aura une attitude bienveillante, c’est une évidence, bien heureux de ne pas être à votre place. Par exemple, repérez dans l’auditoire quelqu’un qui semble particulièrement intéressé, il y en a toujours au moins un. Il vous permettra de vous connecter à lui, puis aux autres. Il y a bien d’autres possibilités pour vous connecter avec votre auditoire.

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Photo de Rebrand Cities sur Pexels.com

Vous voyez, les p’tits trucs et astuces, là aussi, ne sont pas adaptés pour maîtriser le « parler en public » . C’est un vrai travail, sur soi d’abord, sur le contenu ensuite et sur le rapport aux autres. C’est donc rassurant, parce qu’avec de la méthode et un accompagnement professionnel, c’est non seulement faisable mais efficace dans la durée, parce qu’on va travailler les origines de ce qui vous bloque ainsi que la partie opérationnelle. Si vous souhaitez améliorer votre « parler en public » , contactez-moi.

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