« L’impasse de la République » et si c’était une chance ?

On entend partout depuis plusieurs jours, semaines et mois « la France est bloquée ! » Et notamment, la France n’a pas de budget ! Le budget d’une nation, c’est vital, parce que ça touche le vital de l’économie, des entreprises, de l’emploi, des salaires, des pensions de retraites, des prestations sociales, de l’aide aux démunis, etc. Celles et ceux qui me connaissent savent que j’affectionne particulière un concept de l’évolution de l’Humanité qui est devenu un modèle d’accompagnement du changement et pour lequel j’ai écrit un livre « Comprendre la Spirale Dynamique pour mieux l’utiliser. » Et si j’applique la Spirale Dynamique, ce blocage, loin d’être une fatalité, pourrait bien être le symptôme d’une transition nécessaire, comme ce modèle le suggère. Autrement dit, ce blocage n’est pas un échec, mais le signe avant-coureur d’une évolution indispensable. L’Histoire nous l’a toujours montré.

Cette idée peut surprendre, voire choquer. Pourtant, l’histoire nous montre que la crise existentielle est salutaire. J’en prendrai quelques exemples. Toutes les crises existentielles vécues par Sapiens se sont toutes réglées après avoir pris conscience d’être dans une impasse sans pouvoir satisfaire nos besoins vitaux. Les crises existentielles de Sapiens se règlent toutes en 4 phases et notamment après la 3ᵉ phase, le creux gamma durant laquelle les Sapiens ne peuvent plus satisfaire leurs besoins vitaux. La 4e phase est « le saut de conscience » qui permet de régler la crise existentielle par un changement de paradigme. Si vous voulez en savoir plus sur ces 4 phases, lire ou relire mon article sur ce sujet.

Dans cet article et à partir de l’utilisation de la Spirale Dynamique, je vais vous décrire la situation dans laquelle on est, ce qui semblerait la régler dans notre paradigme actuel, ce qui nous entraîne dans l’impasse et le système de valeurs, la vision du monde, bref le nouveau paradigme à transcender pour sortir de cette crise existentielle. C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.

La Spirale Dynamique, comprendre les cycles de l’histoire

La Spirale Dynamique explique les 6 niveaux d’existence par lesquels nous sommes passés depuis notre révolution cognitive il y a -70 000 ans. Je vous invite à lire et relire mon article qui les décrit. Ces niveaux d’existence ont tous un système de valeurs et une vision du monde. Chacun d’eux résout la crise existentielle du niveau précédent. C’est donc que tous les niveaux d’existence, visions du monde et systèmes de valeurs sont bons pour l’évolution de l’Humanité. Mais comme tous les niveaux d’existence créent de toute pièce leur propre crise existentielle, c’est donc qu’ils sont en même temps mauvais pour l’évolution de l’Humanité.

Autrement dit, tous les niveaux d’existence intègrent en même temps le meilleur et le pire de l’Humanité.

Extrêmes et idéologies, pourquoi l’affrontement mène à l’impasse

Voici 3 exemples d’idéologies qui mènent à l’impasse

  • Les religions monothéistes ont été introduites par Sapiens pour régler la crise existentielle du sans foi ni loi des barbares qui pour satisfaire leurs besoins vitaux conquéraient des territoires, les pillaient et tuaient tout ce qui bouge. Pour régler cette crise existentielle de l’Humanité, les religions monothéistes ont créé des commandements d’un Dieu unique qui doivent s’imposer à tous, dont « tu ne tueras point. » Au sans foi ni loi individuel, Sapiens a créé une foi collective avec des valeurs humanistes. Ça, c’est le meilleur. Mais voilà, il ne peut pas y avoir plusieurs Dieux uniques différents dans la tête des Sapiens. D’où les croisades durant lesquelles on s’assoit allègrement sur le « tu ne tueras point » au nom d’un Dieu. Ça, c’est le pire. Et ce fût une impasse. Les croisades se sont terminées en 1272. 753 ans après, il y a toujours 3 Dieux uniques différents dans la tête des Sapiens. L’extrémisme des croisades n’a servi à rien.
  • Face au despotisme du droit divin, Sapiens a fait des révolutions. Par exemple, la Révolution française en 1789 qui a instauré « les droits de l’Homme et du citoyen » qui se substituait au droit divin. Ça, c’est le meilleur. Plutôt qu’un jugement divin expéditif, tous les citoyens avaient droit à un jugement équitable. Mais voilà, les révolutions deviennent toutes extrémistes. Comme les religions pour imposer leur loi, la Révolution française a instauré la terreur avec des jugements expéditifs pour imposer la loi de la République. Ça, c’est le pire. Ce fût une impasse qui s’est soldée par l’exécution des bourreaux. La révolution bolchevik en 1917 n’a pas fait mieux et pire en même temps.
  • Plus proche de nous, la Révolution scientifique puis industrielle a contribué à satisfaire des besoins, comme ne plus pousser une charrue sous une chaleur de plomb, mais de labourer dans un tracteur climatisé. Dans les pays développés, la mortalité infantile a pratiquement disparu et l’espérance de vie a considérablement augmenté, grâce aux progrès de la médecine. Les distances se sont raccourcies grâce aux moyens de transport. Ça, c’est le meilleur. Le revers de la médaille, ce sont les excès de jouissance du progrès technique. C’est le pillage des ressources planétaires, par définition limitées. C’est aussi le dérèglement climatique à cause des émissions de CO2 d’origine humaine qui à terme va entraîner la perte de satisfaction de nos besoins vitaux, par les sécheresses, les aléas climatiques violents, la pollution de l’eau, la migration de milliards d’individus qui ne pourront plus vivre sous des chaleurs intenses. D’où la crise existentielle que nous vivons aujourd’hui qui tend à nous faire basculer dans un autre paradigme de couleur VERTE. Sans l’intégration du respect de la nature, la jouissance de nos beoins sans compter est une impasse à notre évolution.

Je pourrais multiplier les exemples historiques à l’infini. Tout ce qui sort de la tête de Sapiens contient en même temps le meilleur et le pire. Le pire vient des systèmes de valeurs qui finissent tous par une idéologie en isme et une impasse. Il y a bien sûr les ismes religieux, mais aussi le ismes non théistes, la liste est longue, capitalisme, marxisme, nationalisme, communautarisme, écologisme, wokisme pour ne citer que ceux-là.

Ci-dessous la représentation du meilleur et du pire de tous les contraires.

Vers un nouveau paradigme, intégrer le meilleur de chaque contraire

Tous ces ismes que je viens de citer ont tous du meilleur et du pire en même temps. D’où l’idée de Clare Graves, l’initiateur de ce concept de Spirale Dynamique. Puisque tout ce qui sort de la tête des sapiens contient le meilleur et le pire en même temps, pour poursuivre l’évolution de notre espèce, nous devons « intégrer en même temps le meilleur de tous les contraires dans une tension créative.«  Ça implique de laisser de côté le pire.

Clare Graves en parlait dans un article paru en 1974 dans la revue The Futurist, cette nouvelle manière de voir le monde nécessite, « un saut majeur de conscience. » Eh oui ! Il faut arriver à la conclusion que dans l’idéologie que je combats, il y a du meilleur ! C’est un changement radical de vision du monde. À bien y regarder, ce n’est pas plus radical que de changer le capitalisme en marxisme et le marxisme en nationalisme.

Imaginons être dans cet état d’esprit pour constituer un budget à la France :

  • Plutôt que de faire payer tous les riches parce que dans l’idéologie du marxisme tous les riches exploitent les pauvres, si tous les citoyens, riches ou pauvres, « contribuaient aux charges de l’État à la proportion de leurs facultés et contributions respectives. » Ceci constituerait un contrat social. Comme pour le mariage entre deux êtres humains.
  • Plutôt que de renvoyer tous les étrangers chez eux parce que dans l’idéologie du nationalisme, le français passe d’abord, si nous intégrions les seuls étrangers qui non seulement souhaitent s’intégrer en apportant leur diversité, mais qui contribuent à la richesse de la France. Tout en garantissant le droit d’asile politique, mais avec des contre-parties strictes de respect d’ordre public.

On pourrait multiplier les exemples, mais dans ces deux-là, je viens de montrer plusieurs choses.

  • L’impasse dans laquelle nous sommes provient de la montée des extrêmes et des idéologies qui par définition s’affrontent. Je ne souhaite pas en déterminer la cause, ce serait une perte de temps en faisant le jeu des extrêmes. Je m’attache aux conséquences. Par définition, l’extrémisme n’a pas de limite dans sa radicalité. Et bien évidemment, il ne peut pas y avoir de compromis possible. Le programme radical doit s’appliquer en intégralité, pour le bien de l’Humanité. Comme les religions que j’ai citées ci-dessus. Et ça, ça mène systématiquement à l’impasse.
  • La situation dans laquelle nous sommes démontre que ce sont les pires des idéologies qui s’affrontent. Entre autres idéologies, le marxisme et le nationalisme qui ont ruiné le XXe siècle. À eux seuls, ils ne sauveront pas le XXIe ! Il faut s’en persuader. Le pire, c’est que les idéologies radicalement opposées s’autoentretiennent. Autrement dit, l’extrême gauche serait le meilleur rempart contre l’extrême droite. Et l’extrême droite serait le meilleur rempart contre l’extrême gauche. On peut être assuré que si l’un ou l’autre prenait le pouvoir en appliquant leurs propres mesures extrêmes, c’est la guerre civile assurée.
  • Une idéologie s’appuie toujours sur un fait avéré. Par exemple un riche véreux et un étranger qui vole. Parce qu’elle a besoin de cibler un grand Satan, une idéologie utilise un fait dans un but de généralisation. Et à chaque événement, la répétition vient justifier l’idéologie et ancrer la croyance, tous les riches sont véreux, tous les étrangers volent. Comme un catéchisme, plus on le répète, plus on le croit.
  • Chaque citoyen doit se convaincre que son idéologie radicale est un leurre. Passé le plaisir et la jouissance extrême d’avoir fait payer les riches ou d’avoir renvoyé les étrangers chez eux, ces mesures ne règleront pas la crise existentielle. Les mesures radicales créeront sans aucun doute plus de difficultés que de gains. Si on prive la France d’investissement dans son activité économique, qui créera de l’emploi ? Si on se prive des compétences des étrangers, qui fera tourner l’économie française ? Rappellez-vous du sketch de Fernand Raynaud « Fout le camp, toi, l’étranger ! Depuis, on mange plus de pain ! Il était boulanger…« 
  • Mais puisque tout ce qui sort de la tête des Sapiens, il y a du meilleur et du pire en même temps, chacun doit comprendre que dans la tête de son ennemi par définition, il y a du bon à prendre. Ça, c’est un sacré saut de conscience à réaliser !
  • L’idée de ne prendre que le meilleur en laissant le pire de côté introduit une notion de justesse dans l’application d’une politique. À la radicalité qui consiste à faire payer tous les riches ou à renvoyer tous les étrangers, les mesures politiques doivent être justes.

À chaque crise, un leader qui montre la voie, mais des suiveurs qui lui donne vie

Un tout dernier point. Toute nouvelle vision du monde qui s’appuie sur un nouveau système de valeurs doit être porté par un leader. Ils ont été nombreux dans l’Histoire de l’Humanité, je les cite dans mon livre, les prophètes, Galilée, Christophe Colomb bien malgré lui, Gandhi, Nelson Mandela etc. Ce qui manque peut-être aujourd’hui, c’est un leader visionnaire qui nous montre une autre voie que l’extrémisme pour éviter l’impasse. Mais pour que la vision du leader prenne vie, il faut des suiveurs. Rappelez-vous du Président Kennedy mort 1 an après avoir fixé l’objectif Lune. Il aura fallu des milliers de personnes pour qu’un Sapiens pose le pied sur la Lune avant la fin de la décennie.

Autrement dit, nous ne sortiront de la crise que nous vivons que si nous, collectivement, gouvernement et citoyens, nous travaillons ensemble au redressement. Une idéologie même portée par un être humain qualifié de providentiel ne nous sauvera pas du chaos. Le XXe siècle nous l’a montré. Pas besoin de citer des noms, ils ont marqué l’Humanité d’une trace indélébile.

PS : En relisant mon article, je m’aperçois finalement que la politique, c’est un peu comme le management. Il faut être juste. Punir les véreux et les voleurs, pour que ceux qui respectent les règles et bossent dur s’y retrouvent.