Pour accepter un compromis, quel est le postulat à intégrer ?

L’article de la semaine dernière portait sur l’illustration concrète de l’expression du pire et du meilleur en même temps à Paris. La reconstruction de Notre Dame qui illustrait l’expression du meilleur de tous les acteurs. La poursuite de la destruction de la France qui illustrait l’expression du pire de tous les acteurs de l’Assemblée nationale. Une logique implacable ! Au besoin de reconstruire s’exprime le meilleur. Au besoin de vengeance et de destruction s’exprime le pire. Manifestement, à l’Assemblée nationale, le besoin était plutôt centré sur la vengeance et la destruction de l’ennemi, plus que sur l’enjeu de reconstruction de la France et le bien-être des français. Quand l’objectif est la vengeance, il ne peut y avoir du dialogue, de l’écoute et du compromis. Pourtant, le 7 décembre dernier, à la célébration de la réouverture de Notre Dame, assis côte à côte, on a vu la communion des mêmes qui s’étaient vivement combattus la même semaine, à quelques centaines mètres de là !

Pour accepter un compromis, il convient d’être dans des dispositions favorables qui sont fondées sur un postulat. Ce postulat nécessite du lâcher prise ! Êtes-vous prêt pour « le saut majeur de conscience » dont parlait Clare Graves, l’initiateur de la Spirale Dynamique ? C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.

Commençons par les conditions nécessaires au compromis entre plusieurs parties. La recherche de compromis n’est généralement pas le premier « réflexe » chez les protagonistes. Convaincus d’avoir raison et d’avoir « la meilleure vision du monde » chacune des parties tente d’imposer son point de vue et de gagner la partie. Dans cette logique, il doit y avoir un vainqueur et un vaincu. Le vainqueur force le vaincu à accepter l’inacceptable, c’est-à-dire le compromis. C’est une condition d’acceptation du compromis par la contrainte qui n’est pas pérenne. Une fois la partie gagnée par un vainqueur, ce n’est que « partie » remise. Le vaincu n’a qu’une idée, se refaire des forces pour « la revanche. » C’est un combat sans fin. À force, on ne sait même plus qui a commencé. L’objectif n’est plus la recherche de solutions, mais de vaincre l’autre. Le problème initial n’a toujours pas trouvé sa solution. On en arrive rapidement à l’impasse et au chaos. Arrêtons-nous un instant sur cette situation de crise auto-entretenue.

J’ai déjà écrit un article sur les 4 étapes de la conduite du changement, je vous invite à lire ou relire cet article. Il est important de comprendre que la conduite du changement se base sur le fonctionnement de notre cerveau. La spécificité de notre espèce est d’être capable de s’organiser avec un nombre important de personnes autour de croyances fortes partagées, même par des personnes qui ne se connaissent pas. C’est cette capacité qui nous a définitivement éloigné du règne animal. Et évidemment, les croyances sont antagonistes. Il suffit de regarder les guerres entre les dogmes non-théistes, capitalisme, marxisme, nationalisme qui ont ruiné le XXe siècle et les nouveaux, écologisme et wokisme, qui s’ajoutent aux guerres de religions qui jalonnent l’Histoire de l’Humanité. La confrontation des croyances conduit à l’impasse et au chaos. Mais Sapiens a besoin de se retrouver dans cette situation du creux gamma (voir mon article cité et l’image ci-dessous) pour se convaincre d’être dans l’impasse. Depuis 100 000 ans, Sapiens a vécu 4 crises existentielles. Celle que nous vivons au niveau planétaire aujourd’hui est la 5ème.

Grâce à une crise existentielle, c’est-à-dire grâce à une impasse durant laquelle les besoins vitaux ne sont plus satisfaits, le cerveau évolué de Sapiens peut alors imaginer une autre vision du monde. C’est une des conditions nécessaires au compromis. Autrement dit, pour le lâcher prise de ses croyances, Sapiens doit se convaincre qu’il est dans l’impasse.

Dans l’impasse et le chaos, les conditions nécessaires au compromis deviennent pérennes. Sapiens s’est convaincu que ses croyances mènent au pire et que la situation ne lui permet plus de satisfaire ses besoins. Et comme Sapiens marche aux besoins, il a trouvé l’étincelle pour son « saut de conscience delta. » Mais comme ses mêmes croyances avaient été initialement élaborées pour satisfaire ses besoins, ces croyances ont donc, en même temps, du bon et du mauvais. Voulez-vous des exemples ?

  • les ismes religieux ont créé des commandements et des valeurs humanistes, « tu ne tueras point » et « tu ne voleras point. » En même temps, elles ont créé la coercition, l’inquisition, les croisades.
  • le capitalisme a créé les conditions d’une l’émancipation rendue possible, même si on n’est pas l’élu d’un Dieu ou un noble bien né. La force de son cerveau permet de réussir, satisfaire ses besoins, voire d’accéder au pouvoir. En même temps, le capitalisme a créé la compétition, donc des perdants et des gagnants, et donc des discriminations.
  • le marxisme a aboli les classes dominantes pour le bien de l’Humanité, mais en créant une transition, appelée « socialisme » (encore un isme) qui doit imposer la dictature du prolétariat, en créant des oligarchies et donc de nouvelles classes dominantes.
  • le nationalisme a créé un sentiment de force collective pour le bien individuel, tout en créant évidemment en même temps un sentiment de supériorité par rapport aux autres nations.
  • l’écologisme et le wokisme ont réveillé (awake en anglais) les consciences de la destruction de la biodiversité et de la planète comme des discriminations dues au racisme et au sexisme (encore des ismes). Et en même temps, l’écologisme et le wokisme ont créé des groupes radicaux qui ont comme objectif d’imposer leurs croyances par la lutte violente.
  • Etc…

De manière intrinsèque, tous les dogmes, qui forgent les croyances de Sapiens, ont en même temps le meilleur et le pire en eux. Ce qui mène au combat sans fin et donc à l’impasse.

Pour sortir de l’impasse et créer les conditions de l’acceptation du compris, il convient « d’intégrer« , avant, le postulat suivant « Chez tous les contraires, il y a, en même temps, du pire et du meilleur.«  C’est le constat fait par Clare Graves, l’initiateur de la Spirale Dynamique. Pour intégrer ce constat, il faut être dans l’impasse. Le lâcher prise demande du temps ! Pour lâcher prise, il faut que la crise existentielle soit profonde. Pour tenter d’être plus clair, « il faut que ça fasse mal, très mal !« 

Photo de David Henry sur Pexels.com

Si je résume, pour accepter le compromis, il faut être dans l’impasse et prendre conscience qu’on ne satisfait plus ses besoins vitaux, pour lesquels il n’est plus possible de vivre dans cette logique de combat permanent. Le vote de la motion de censure à l’Assemblée nationale crée les conditions favorables à cette prise de conscience. Ensuite, chacune des parties doit accepter que ses propres croyances ont du pire et que les croyances des autres ont du meilleur. Lorsque ces conditions sont réunies, on peut commencer à construire le compromis sur un accord préalable qui doit s’établir sur un objectif commun et des valeurs communes. Lorsque les visions du monde sont radicalement opposées, pour s’accorder sur des valeurs, on doit aller chercher le plus petit dénominateur commun des valeurs réciproques. Si on prend les députés de l’Assemblée nationale, le bien-être des citoyens, par exemple, et pour cela la prospérité de la France seraient le plus petit dénominateur commun.

Pourquoi le bien-être des français serait-il le plus petit dénominateur commun ? Parce que dans la situation d’impasse et de chaos actuel, l’absence de compromis ne permet pas d’atteindre l’objectif commun. La volonté de maintenir le chaos et l’absence de recherche de compromis serait alors l’aveu d’un tout autre objectif. C’est le propre de l’extrémisme, quelle que soit la couleur, basé sur le dogmatisme. Vous aurez noté les ismes.

Pour comprendre tout cela, il faut comprendre comment fonctionne notre cerveau de Sapiens et comment donc d’un chasseur-cueilleur, nous en sommes arrivés à ce niveau de complexité en 12 000 ans(*) à peine. C’est l’objet de mon livre « comprendre la Spirale Dynamique pour mieux l’utiliser » et de mon e-learning de 9 vidéos apprenantes d’une durée de 3h, sur la plateforme des outils du coach. Vous pourrez utiliser ce modèle d’évolution de notre espèce qui est aussi un formidable outil d’accompagnement du changement, en éducation des enfants, en management et en politique. L’actualité nous le démontre tous les jours.

(*) Il y a 12 000 ans, Sapiens a fait sa révolution agricole. Il a quitté sa condition de chasseur-cueilleur.

Spirale Dynamique