Un appel vibrant à la nuance, le signe d’un déclic vers « le saut majeur de conscience » salutaire

J’ai écouté une chronique de Ruth Elkrief sur LCI, diffusée le 10 novembre 2025, consacrée au débat politique français actuel. Une phrase m’a particulièrement marqué : « Nous aurions besoin de nuances. » Elle concluait son propos en soulignant l’affrontement des extrêmes de gauche et de droite, qui s’opposent en combat plutôt qu’en débat. Elle regrettait que seules les solutions populistes, simples et radicales trouvent aujourd’hui écho auprès d’une large majorité de Français. Selon elle, les discours extrémistes s’appuient sur des faits incontestables, mais ces faits sont instrumentalisés pour proposer des solutions simplistes, incapables de répondre à la complexité de notre société.

Pour ceux qui connaissent la Spirale Dynamique, Ruth Elkrief décrivait le désarroi de ceux qui traversent une crise existentielle majeure. De ses vœux, elle appelait à la nuance ? Eh bien c’est exactement ce que préconise Clare Graves, l’initiateur de la Spirale Dynamique. Pour sortir de notre crise existentielle, il convient de réaliser un « saut majeur de conscience. » C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.

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Je vais résumer la situation politique actuelle française, particulièrement sur le sujet du débat budgétaire de la France. L’objectif est de disposer d’un budget 2026 pour la France qui doit prendre en compte, le passé et le présent pour encadrer l’avenir de la France et des Français. En résumé, le budget de l’État a pour objectif de protéger et d’unir le pays et ses habitants pour investir dans l’avenir en lui donnant les moyens de son développement. Les domaines sont nombreux, le développement économique, l’emploi, la protection sociale, la santé, la souveraineté dans de nombreux domaines, énergétique, alimentaire, technologique, les domaines régaliens, la défense nationale, la sécurité intérieure, l’éducation, la lutte contre les fractures territoriales, la transition écologique, la recherche et développement, etc. j’en ai bien évidemment oublié !

Des exemples de simplifications extrémistes

Pour résoudre ces enjeux complexes, quelles solutions sont proposées à l’Assemblée nationale ? « Faire payer les riches » ou « renvoyer les étrangers chez eux » suffiraient à régler « le problème » ! Les extrêmes de gauche et de droite s’accordent même sur l’abrogation de la loi sur les retraites, censée rétablir la sérénité. Ces solutions semblent si simples qu’on pourrait s’exclamer : « Mais diantre ! Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? » La réponse est toute trouvée : c’est la preuve des intentions malsaines du camp adverse qui gouverne, bien sûr !

L’instrumentalisation des faits

Ruth Elkrief a souligné que les discours extrémistes s’appuient sur des faits incontestables : l’écart de revenu entre les grandes fortunes et les salariés s’est creusé, l’immigration clandestine en provenance d’Afrique a augmenté, et les actes terroristes, en hausse, sont souvent commis par des islamistes originaires de cette région.

L’utilisation de stratégies cognitives

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Cette instrumentalisation repose sur des stratégies cognitives bien connues des idéologues : la généralisation et la stratégie de l’épouvantail. Que ce soit un patron ayant perçu des dividendes exorbitants ou un djihadiste ayant commis un attentat, on exploite la colère suscitée pour désigner un bouc émissaire désigné comme un grand Satan. La généralisation caricature. L’épouvantail fait peur. « Tous les riches sont des voleurs », « tous les musulmans sont des terroristes » : chacun devient un danger vital, responsable de tous nos maux. La solution ? Supprimer radicalement la cause du problème en supprimant le responsable du problème. Rien de plus simple, en apparence. En apparence seulement !

Les références historiques en signe d’avertissement

Goebbels avait théorisé ces principes au siècle dernier. Il est impossible, de manière rationnelle, d’entraîner le peuple vers des solutions radicales. En revanche, brandir l’épouvantail d’un grand Satan pour répondre à un besoin vital permet d’y parvenir facilement en période de crise existentielle. Talleyrand l’avait déjà décrit : « Agiter le peuple pour mieux s’en servir », c’est-à-dire pour prendre le pouvoir et le conserver. Le XXe siècle a été marqué par les excès du marxisme et du nationalisme suivant ces principes simples. Or, les mêmes propagandes sont encore utilisées aujourd’hui, car elles restent efficaces. Les conséquences risquent donc d’être identiques : de la sueur, du sang et des larmes.

L’appel à la nuance et à la sagesse

Face à l’expression des thèses extrémistes de gauche et de droite, Ruth Elkrief a conclu sa chronique par un appel à la nuance, aujourd’hui inaudible. J’y ai perçu un appel au « raisonnable. » Mais il s’agit en réalité d’un appel à la sagesse, et non à la simple raison. – Je reviendrai sur cette distinction entre raison et sagesse en fin d’article. – Clare Graves, initiateur de la Spirale Dynamique, avait déjà identifié cette nécessité pour répondre à la complexité croissante de l’Humanité. La seule issue pour éviter l’impasse des luttes entre paradigmes radicalement opposés était pour lui « un saut majeur de conscience » consistant à « intégrer en même temps le meilleur de tous les contraires dans une tension créative. »

Traduction via la Spirale Dynamique des idées véhiculées par les propos de Ruth Elkrief

Voici les propos que j’ai entendus. Je vais les traduire à partir de la Spirale Dynamique qui est un concept de l’évolution sociale de l’Humanité depuis 100 000 ans et qui est devenu un outil d’accompagnement du changement. C’est-à-dire, un outil visant à diminuer la durée de la crise existentielle vécue.

  • « Seules les solutions radicales s’expriment et sont audibles des français. » Traduction : Le cerveau humain, bien qu’il ne représente que 2 % du poids corporel, consomme 20 % de nos ressources en oxygène, eau et sucre. Pour économiser cette énergie, il privilégie les solutions simples. Notre cerveau est identique à celui de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, il y a 12 000 ans à peine. Il est programmé pour l’économie d’énergie. À l’époque, la survie dépendait de cette économie d’énergie. Aujourd’hui encore, en période de crise et de stress, notre cerveau recherche la simplicité. Sous stress, l’amygdale — le « chien de garde du cerveau » — inhibe le lobe préfrontal, responsable du raisonnement analytique, au profit du cerveau reptilien, siège de l’instinct de survie. Ceci explique le filtre des seules solutions simples aujourd’hui.
  • « Les solutions prônées par l’extrémisme sont une impasse. » Traduction : Depuis 100 000 ans, les cinq crises existentielles vécues par l’Humanité ont contribué à utiliser des solutions radicales. Elles se sont toutes soldées par un bain de sang avant la transcendence dans un autre paradigme. Les croisades entre les différentes religions monothéistes se sont soldées en 1272. 753 ans plus tard, il existe toujours trois Dieux uniques dans la tête des 8 milliards d’êtres humains. Pour sortir définitivement du droit divin, la période de terreur durant la Révolution française en est un autre exemple. Si l’Humanité prenait conscience qu’elle peut évoluer en évitant un bain de sang, nous aurions enclencher « le saut majeur de conscience » préconisé par Clare Graves.
  • « Les extrémistes ne disent pas que des choses fausses. » Traduction : Dans chaque contraire et dans chaque idéologie, il y a aussi du meilleur. Par exemple, dans l’extrémisme des religions monothéistes qui se sont affrontées lors de la Saint-Barthélémy ou le 7 octobre 2023, il existe, en même temps, des valeurs humanistes comme « tu ne tueras point » et « tu ne voleras point. » Dans le marxisme et le nationalisme, on y trouve aussi des valeurs humanistes, respectivement le nécessaire partage des richesses et la reconnaissance des spécificités, de la culture et des forces de sa propre nation.
  • « Caractériser nos problèmes d’existence en noir ou blanc n’est autre qu’une caricature. Si les solutions simples et radicales n’apportaient que du bon et étaient efficaces à long terme, on le saurait. En réalité, elles n’appellent qu’à la vengeance. » Traduction : Le recours aux solutions simples, radicales et donc violentes du passé est une constance de l’évolution de l’Humanité. Par exemple, le traité de Versailles qui avait pour but de punir l’Allemagne après la première guerre mondiale a nourrit, par vengeance, la seconde. C’est un processus sans fin. Les extrémismes s’autoalimentent.
  • « On utilise la souffrance humaine, pour faire adhérer à des thèses extrêmes du passé, le marxisme et le nationalisme. » Traduction : On ne règle pas la complexité atteinte aujourd’hui par des solutions simples et radicales du passé. Non seulement les solutions du passé n’ont apporté que la confrontation par la guerre, mais la situation actuelle est encore plus complexe qu’avant.

Bref, tous ces propos que je viens d’évoquer sont le signe d’un constat. Nous sommes arrivés dans une impasse. Notre premier cycle d’évolution sociale depuis 100 000 ans, qui nous entraîne systématiquement à la confrontation des paradigmes radicalement opposés, nous amène à l’impasse. En prendre conscience est donc le signe d’une recherche d’un nouveau paradigme.

Clare Graves nous le suggère dans un système de valeurs qui consiste à : « aborder nos problèmes d’existence de manière systémique en intégrant en même temps le meilleur de tous les contraires dans une tension créative. » Le déclic nous amène à raisonner. Mais le niveau de complexité atteint aujourd’hui concourt à reconnaître que seul le raisonnement ne règlera pas nos problèmes d’existence actuels. Le raisonnement rechercherait encore une fois une solution en réaction à un contexte. Clare Graves nous dit que c’est notre manière d’évoluer et de voir le monde qui est déviant. Plutôt que de voir un monde binaire blanc / noir, bien / mal, paradis / enfer, gentils / méchants, etc. il convient de reconnaître que chacun des contraires a en même temps du meilleur et du pire. Reconnaître que son ennemi d’hier a aussi du meilleur en lui demande une prise de recul « majeure ! » Dans la complexité actuelle et pour poursuivre l’évolution de l’Humanité, il convient de ne garder que le meilleur de tous les contraires. C’est faire appel à la sagesse plus qu’à la raison. Il convient de rappeler que la sagesse est une caractéristique de notre espèce Homo sapiens qui se distingue, ou devrait se distinguer, des autres. Par définition : « Homo sapiens, l’hominidé intelligent, sage et prudent.« 

Conclusion

Les paradigmes vécus par l’Humanité et décrits par Clare Graves depuis 100 000 ans, ont été symbolisés par des couleurs par Don Beck, l’un de ses disciples. Après le saut majeur de conscience, le nouveau paradigme — marquant un nouveau cycle évolutif — est représenté par la couleur JAUNE. Ce niveau prépare la transcendance vers le niveau de conscience TURQUOISE, qui aborde nos défis de manière systémique et globale, à l’échelle planétaire.

Il ne reste plus qu’à prouver la spécificité de notre espèce : la sagesse. C’est, selon moi, ce que Ruth Elkrief appelait de ses vœux dans sa chronique. J’ai souhaité éclairer le chemin de l’évolution humaine à travers la Spirale Dynamique, un outil qui offre le recul nécessaire en période de crise. Il a aussi le mérite de redonner espoir en l’avenir, essentiel pour réfléchir avec sagesse. Comme le disait Einstein : « Au cœur de toute crise se cache une grande opportunité. » À nous de faire preuve de sagesse pour la saisir.

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