
En séance de coaching, poser des questions n’est pas une fin en soi. Les questions, comme d’ailleurs tous les outils utilisés en coaching, doivent toujours être au service de la réponse à la demande et de l’atteinte de l’objectif de son client. J’avoue qu’assez souvent, à la suite d’une question, mes client(e)s m’ont fait ce retour « bonne question … » suivi d’un silence d’introspection. Après quoi, systématiquement, je me tais, le temps nécessaire à l’introspection. Parfois long mais toujours fructueux. J’avoue néanmoins que ces situations n’arrivent jamais en début de séance. Il faut un temps pour avoir exploré plusieurs pistes, faire des allers/retours sur ce que j’appelle des impasses, les croyances limitantes, nécessaires néanmoins à l’exploration de l’univers du client, pour arriver finalement sur une piste jusque là inexplorée grâce à la fameuse … bonne question. Alors, c’est quoi une bonne question ? A partir de quoi l’élabore-t-on ? C’est ce que je vous propose de voir aujourd’hui.

Poser des questions auxquelles le (la) coaché(e) a la réponse spontanée est peu productif et présente peu d’intérêt, à part, bien évidemment, le fait de verbaliser qui favorise la prise de conscience du (de la) coaché(e) et la compréhension de son univers par le coach. Ce que j’appelle une « bonne question », c’est une question à laquelle le (la) client(e) n’a pas de réponse spontanée, qui lui demande donc de la réflexion pour trouver une réponse satisfaisante de manière à ce qu’elle lui permette d’avancer vers son objectif. C’est un de mes indicateurs. Mais ça, c’est la condition nécessaire à la bonne question. La condition suffisante provient de l’intérêt que le (la) coaché(e) voit à la réponse qu’il (elle) se doit de trouver. Autrement dit, c’est une bonne question lorsque le (la) coaché(e) considère qu’il (elle) doit trouver une réponse, lorsqu’il (elle) perçoit un gain à tirer de la réflexion précédent la réponse. Une question qui n’amène pas de réponse spontanée contribue à coup sûr à explorer un champ jusque là inexploré et ouvre tout un champ des possibles et donc des actions à entreprendre, jusque là pas imaginées car inimaginables dans son schème* de pensée. Jean Piaget parlait de schème* comme étant « le résultat d’une représentation combinée à des opérations mentales, le tout construit à partir de l’expérience. » Autrement dit, c’est une manière de penser, toujours la même, parce que … « j’ai toujours fait comme ça … » Et puisque j’ai toujours fait comme ça, ça donne toujours le même résultat. Si le (la) coaché(e) veut changer, la bonne question lui donne ainsi une clé de réinterrogation de ses schèmes qui l’amène à penser différemment pour agir autrement et donc influer sur le changement des résultats obtenus.
Une bonne question, c’est aussi une question qui contribue à déconstruire une croyance limitante et qui lui permet de s’interroger sur ses freins, ses limites et donc ses ressources à inventer. Cette bonne question est souvent issue d’un paradoxe identifié, une contradiction repérée dans le discours et le raisonnement du client. Le coach doit être attentif en séance, mais doit aussi noter et réinterroger périodiquement ses notes. En effet, les paradoxes proviennent parfois de plusieurs éléments évoqués à des séances différentes. Il convient de s’immerger dans l’univers de son client et recouper les informations. C’est en tentant inlassablement de comprendre son client, que le coach est amené à tomber sur ses paradoxes.
Une bonne question, c’est surtout lorsque le (la) client(e) s’engage à réfléchir, à tête reposée, pour trouver SA réponse et qui contribuera à le (la) faire avancer. Il m’est arrivé également d’écouter une cliente me disant « depuis la dernière fois, je n’ai pas fait grand chose ! » Et de lui retourner « Dans ce pas grand chose, vous avez fait quoi ?« , « J’ai réfléchi… » « A quoi ? » Et là, elle me déroule l’ensemble de son raisonnement. Elle avait trouvé les moyens de lever ses freins, son lâcher prise, il n’y avait plus qu’à y aller. Elle pensait n’avoir pas fait grand chose. Il suffisait juste qu’elle prenne conscience de ce qu’elle avait fait. Tout cela ne tient qu’à une question sur le quoi, « Dans ce pas grand chose, vous avez fait quoi ? » Si je lui avait demandé « Pourquoi n’avez vous pas fait grand chose ?« , j’imagine que je serai tombé sur une impasse liée à une justification, « parce que … » ou « j’en sais rien … pas envie… »

Qualifié à la technique d’entretien d’aide à l’explicitation qui vise à aider l’autre à prendre conscience de la situation et des moyens de progression, j’ai appris à retirer de mon vocabulaire les questions commençant par « pourquoi … ? » Une question du type « Pourquoi as-tu fais ça ? » met l’autre en situation d’accusation, il recherche alors une justification, une réponse simple pour s’en sortir. Et le cerveau travaillant à l’économie, plus la justification sera simple et moins on ira chercher plus loin. Par contre, si on pose la question « qu’est-ce qui t’a amené à faire ou dire cela ? » on replace l’autre dans le contexte. On l’invite à refaire le cheminement mental qui l’a amené à faire ou dire cela. Plus que sur l’action réalisée ou la parole formulée, on l’interroge alors sur son référentiel de pensée. Et là, ça fait toute la différence ! C’est sur cette base qu’il (elle) peut être amené(e) à réfléchir sur son système de valeurs et son référentiel qu’il (elle) utilise habituellement pour éventuellement modifier sa manière de voir le monde. Il (elle) se constitue alors un nouveau référentiel de pensée. C’est une technique de questionnement qui facilite le lâcher prise en douceur.

Une bonne question reviendrait à trouver le bout du fil de laine d’une pelote et tirer, tirer, tirer ce fil de laine jusqu’à trouver l’autre bout, la réponse. Si vous avez besoin de quelqu’un qui va vous aider à vous réinterroger pour voir les choses autrement, contactez-moi.